Peut-on « rentabiliser » la pratique clinique ?

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°25 - 21 juin 2023
Information dentaire

La pratique dentaire ne peut pas s’exercer comme un commerce. Pour autant, l’activité d’un cabinet ou d’un centre de soins doit avoir des recettes pour couvrir les dépenses. Les praticiens et leurs collaborateurs vivent de leur travail. Celui-ci requiert des connaissances, des compétences et engage la responsabilité individuelle. À juste titre, un retour sur l’investissement personnel est attendu. Les plateaux techniques sont de plus en plus sophistiqués. Les équipes de soins sont mieux formées. Tout cela a un prix.

Dans ce contexte, tous les patients doivent recevoir de justes soins, sans abus ou surtraitements, tenant compte des réalités financières.

Situation

Une généraliste, après un entretien préalable de licenciement, vient de quitter le centre de santé Saint-Vincent-de-Paul ce 8 août, pour motif économique. Plus précisément, on lui reproche de ne pas avoir été assez « rentable » en ne voyant que 2 à 3 patients par heure, alors que le centre lui en demandait presque le double ! (…) Refusant d’augmenter le nombre de ses consultations (« Je ne fais pas de l’abattage », a-t-elle confié au Quotidien du médecin), elle propose cependant des solutions pour se décharger des contraintes administratives, mais n’obtient de la part du centre qu’une fin de non-recevoir*.

Sous le prétexte d’équilibrer les comptes d’un centre ou d’un cabinet :

  • Comment concilier qualité de la prise en charge du patient (en tenant compte du temps passé à l’écouter et à l’informer) et réponse à une demande de rentabilité en écourtant les consultations ?
  • Est-il possible de rogner sur la qualité des produits et des fournisseurs de prothèses pour diminuer les coûts ?
  • Peut-on systématiser la proposition d’actes rentables ou refuser les patients qui le sont moins (enfants, bénéficiaires de la CSS, patients souffrant d’un handicap, patients réclamant des soins opposables ou à reste à charge zéro…) ?
  • Peut-on travailler dans une structure qui fait de la gestion comptable un prérequis au recrutement de ses soignants ?

*www.caducee.net/actualite-medicale/15833/un-centre-de-sante-de-dordogne-licencie-un-medecin-generaliste-pour-motif-economique.html

Réflexions Docteur François Ferrre

Maître de conférences des Universités – Praticien hospitalier
Chef du service de médecine bucco-dentaire de l’hôpital Charles Foix APHP

La santé n’a pas de prix. Pas dans le sens, bien sûr, où elle n’aurait pas de coût, mais plutôt le sens où les lois du marché ne peuvent déterminer la valeur pécuniaire d’un organe et donc, le soin qu’il…

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