Prévention et innovation

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
Information dentaire
Le 26 septembre dernier le Cercle Franco-Libanais d’Implantologie et de Parodontologie (CFLIP) affichait un programme de rentrée placé sous les signes de la prévention et de l’innovation. Pour traiter ces thématiques, son président, le Docteur Pierre Cherfane, recevait deux tandems de cliniciens désireux de partager avec l’assistance les derniers développements dans leurs domaines respectifs de compétences.
Les Docteurs Elias Dagher et David Rosenthal, respectivement chirurgien orthopédiste et anesthésiste, exerçant à la clinique Arago, ont dans un premier temps dressé l’état des lieux de la chirurgie prothétique du genou et de la hanche en France (interventions qui totalisent 120 000 et 85 000 opérations annuelles, en constante progression) avant de définir les recommandations actuelles impliquant l’orthopédie et la chirurgie orale. Le Docteur Dagher a mis en évidence la similitude des protocoles de chirurgie d’orthopédie à visée prothétique avec ceux appliqués en implantologie orale.
Le déroulement de la chirurgie, soigneusement planifiée et conduite à l’aide de guides de coupes à travers une séquence codifiée, permet une mise en fonction immédiate. Le Docteur Rosenthal, de son côté, a cerné les risques que recèlent les arthroplasties relativement à la situation bucco-dentaire, et qui représentent des chirurgies programmées, fonctionnelles mais non vitales. Si les infections du site prothétique se révèlent redoutables, elles demeurent rares, rassemblent peu de publications scientifiques et les seules recommandations établies sur la base d’un accord professionnel émanent de la Société Française de Chirurgie Orale (SFCO)* et non de la Société Française de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique (SOFCOT). Le contrôle du risque infectieux repose sur l’examen clinique et radiologique (panoramique dentaire) et impose l’élimination des foyers infectieux bucco-dentaires (FIBD) préalablement à l’intervention orthopédique. La politique de limitation des risques joue aussi en faveur d’une prévention d’une atteinte de l’état dentaire. En effet, l’intubation imposée par l’anesthésie générale au cours des arthroplasties expose le patient à un risque de fragilisation de ses dents ou prothèses dentaires. Le recours à des dispositifs de laryngoscopie indirecte (MacGrath) limite le risque de mobilisation des incisives maxillaires. Des protège-dents de type gouttières thermoformées peuvent judicieusement préserver les dents de l’action potentiellement traumatisante du laryngoscope.
Chez le porteur de prothèse articulaire, la fréquence du suivi bucco-dentaire peut être identique à celle recommandée pour la population générale. Préalablement à la chirurgie orthopédique, les soins d’élimination des FIBD doivent être conduits en prévoyant un délai de cicatrisation suffisant. La transmission d’un courrier transcrivant le compte rendu de consultation, les soins nécessaires et leur calendrier ou « l’absence de risque infectieux », les risques dentaires observés et l’opérabilité du patient, fournit une information essentielle pour l’équipe thérapeutique orthopédique.
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L’intérêt des outils numériques ne s’est pas démenti dans la deuxième partie de soirée. Avec un rythme soutenu à la « blues brothers », un autre duo complémentaire en chirurgie et prothèse implantaire, composé des Docteurs Marwan Daas et Karim Dada, a déroulé les scénarios bien orchestrés du flux numérique. Sans vouloir sombrer dans les anglicismes, les deux compères de l’implantologie chirurgicale et prothétique ont démontré comment la planification « digital workflow » pouvait répondre aux exigences qui fondent la triade de la réussite de nos thérapeutiques (prévisibilité, reproductibilité et pérennité). Plusieurs développements de l’industrie numérique et implantaire concourent à ce succès en renforçant la coordination et la maîtrise des différentes composantes du traitement (chirurgicales et prothétiques). Ils ne se substituent pas aux principes édictés dans ces domaines, mais les accompagnent aussi bien lors de l’élaboration du plan de traitement (démarche initiée en prévisualisant le résultat) que lors de la planification ou de la réalisation prothétique biomimétique en interrelation avec les « cinq P » branemarkiens : « Persistent Precision Provides Predictible Prognosis »**.

À l’ère de ce que l’on nomme déjà la watsonisation de la médecine ou encore le transhumanisme, et alors que le numérique se rend indispensable et que la CFAO devient un outil incontournable, les intervenants de cette soirée du CFLIP se veulent rassurants : ces développements en pleine expansion n’uniformisent ni ne contraignent l’exercice thérapeutique, mais offrent au contraire un espace de liberté illimité à l’imagination et ses futures innovations.

*SFCO 2012.
**« La précision constante amène à des traitements prévisibles ».

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