Richard Marguelles-Bonnet : a beautiful mind

  • Par
  • Publié le .
Information dentaire

De par sa personnalité, il n’était pas besoin d’ajouter Marguelles-Bonnet à son prénom, tout le monde connaissait « Richard », à Garancière comme ailleurs. Ceux qui ont eu le privilège de partager quelques moments avec lui gardent en mémoire la force de ses convictions religieuses, politiques et scientifiques.

C’est en 1971, au CES de prothèse adjointe, que j’ai découvert Richard. C’était la grande époque de la gnathologie et une poignée de praticiens, enseignants pour la plupart, suivait les cours de A. Lauritzen, R. Lee et bien d’autres… qu’ils mettaient en pratique dans leur cabinet de ville. Ces élites de la prothèse confrontaient régulièrement leurs réalisations cliniques et une sorte de compétition dissimulée s’installait entre eux au bénéfice de chacun.

Dans l’équipe du Pr. Lejoyeux, Richard est devenu rapidement Professeur 2e grade, puis 1er grade à temps partiel. Ses qualités pédagogiques ont vite été reconnues par l’ensemble de ses collègues et surtout par les étudiants qui, à l’occasion d’une évaluation des enseignants, l’ont classé en haut de l’échelle, toutes disciplines confondues.

Dans les années 80, Richard envisagea de se délocaliser avec toute sa famille aux Etats-Unis dans l’idée de poursuivre sa carrière à Gainesville, dans le service de prothèse du Pr Lundeen, de l’université de Floride. Ce projet prenant forme, il décida, sous l’influence et la contribution de JP Yung, de transformer en polycopié les topos qu’il dispensait avant chaque séance clinique, histoire de coucher sur le papier l’état de ses connaissances avant de partir. C’est ainsi qu’est né, non pas un polycopié, mais un livre intitulé : paru en 1984, Pratique de l’analyse occlusale et de l’équilibration.

Juste avant de partir aux Etats-Unis, Richard apprend que le poste qui lui était proposé n’a pas été créé. Qu’à cela ne tienne, il partira quand même avec femme et enfants ! Il publiera deux articles de recherche en biomatériaux, reprendra ses études à la base ; anatomie, histologie, biochimie, physiologie, microbiologie, pathologie, occlusion dentaire, et obtiendra le National Board Dental Exam en établissant le meilleur score de l’Université de Floride depuis sa création.

Assez rapidement, Richard va prendre conscience, qu’il n’a pas grand-chose à apprendre en prothèse, mais qu’il y a en revanche, dans le bloc d’à côté, l’un des leaders mondiaux des douleurs oro-faciales, le Pr Parker Mahan, qu’il va s’empresser de rencontrer et dont il suivra assidument les cours et conférences. C’est la révélation d’un nouveau pôle d’intérêt, vaste, médical, ambitieux, dans lequel il va désormais s’investir et s’épanouir.

Vu sa reconnaissance au sein de l’université, il pouvait prétendre et obtenir la fameuse Green Card réservée notamment à certains enseignants et chercheurs de haut niveau, pour devenir résident permanent aux Etats-Unis. Ce sésame tardant à venir, il mettra un terme à son aventure américaine et reviendra en France où il recevra la fameuse carte six mois après son retour !

Dès lors, nous allons entreprendre une collaboration étroite en associant nos compétences dans le domaine de la recherche clinique et fondamentale et en ouvrant une consultation dédiée aux douleurs oro-faciales qui connaîtra un vif succès. Le Pr Y. Boucher rejoindra l’équipe en apportant ses connaissances en neurosciences et on verra progressivement se développer des consultations du même type dans les UFR d’Odontologie de l’Hexagone.

J’ai eu le privilège de côtoyer Richard pendant de nombreuses années, passant des heures à ses côtés, à rédiger des articles, préparer des conférences, examiner des patients,  confronter nos diagnostics, et cela a été un réel bonheur d’être associé à un premier de la classe doué d’une grande intelligence.

Salut l’artiste, tu as pris des milliers d’empreintes dans ta vie, mais la plus belle est celle que tu as laissée dans la mémoire des étudiants.

Pr P. Carpentier

Commentaires

Laisser un commentaire