Selon les données mondiales de l’OMS, sur 30 ans, l’atteinte carieuse régresse, la maladie parodontale explose

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Information dentaire

Près de la moitié de la population mondiale (45 % soit 3,5 milliards de personnes) souffre de maladies bucco-dentaires, dont les trois quarts dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, montre le rapport sur l’état de la santé bucco-dentaire mondiale (194 pays) publié le 18 novembre par l’OMS. « Les cas mondiaux de maladies bucco-dentaires ont augmenté d’un milliard au cours des 30 dernières années, ce qui indique clairement que de nombreuses personnes n’ont pas accès à la prévention et au traitement des maladies bucco-dentaires », souligne l’institution.

Mais si le nombre de cas progresse, la prévalence de telle ou telle affection, peut parfois diminuer compte tenu de la croissance démographique mondiale. Ainsi en est-il des caries sur dents permanentes. Elles touchent en moyenne 29 % des adultes soit environ 2 milliards de cas. Si depuis 1990 on compte près de 640 millions de cas supplémentaires, leur prévalence mondiale est en baisse de 2,6 % sur cette période. Avec de grandes disparités : + 120 % en moyenne en Afrique et 103 % en Méditerranée orientale contre – 22 % en Europe et – 23 % en Amérique du Nord.

Les caries sur dents de lait concernent, elles, en moyenne, 43 % des enfants (de 46 à 38 % selon le niveau de développement des pays). Là aussi depuis trente ans la prévalence moyenne mondiale a diminué de 3 % et jusqu’à 7 % en Europe.

Si la maladie carieuse a donc tendance à régresser, la maladie parodontale à l’inverse progresse fortement. Elle concerne désormais près de 19 % des plus de 15 ans soit 1 milliard de cas environ. En 30 ans sa prévalence a bondi de 24 %, les pays les moins favorisés étant là aussi les plus affectés (+ 35 %).

L’édentement complet concerne lui 7 % des adultes soit 350 millions d’individus. A l’inverse des caries et de la maladie parodontale, la prévalence de l’édentement est, compte tenu du vieillissement de la population, plus important dans les pays à forts revenus : 10,5 % en moyenne dont 39 % en Amérique du Nord contre 3 % dans les pays peu développés.
Enfin, le nombre de cancers de la bouche (lèvre et cavité buccale) ne cesse lui aussi de progresser : 377 713 nouveaux cas et 177 757 décès dus à ce cancer ont été recensés dans le monde en 2020 en faisant le seizième cancer le plus fréquent.

Pour faire face à la situation, la « main-d’œuvre totale » en santé bucco-dentaire est estimée à près de 4 millions de personnes dans le monde (3 984 325) selon le rapport, dont environ 2,5 millions chirurgiens-dentistes (2 465 296), 1,2 million (1 242 053) d’assistants dentaires et hygiénistes et près de 300 000 (276 976) « prothésistes/techniciens ». La densité moyenne mondiale pour les praticiens est de 3,28 soignants pour 10 000 habitants, de 1,88 pour les assistants et hygiénistes et de 0,57 pour les « prothésistes/techniciens ». Les pays à revenu élevé ont un ratio dentistes-population de 6,85 pour 10 000 tandis contre 0,57 pour les pays à faible revenu. Ainsi plus de 80 % des confrères exercent dans des pays à revenu moyen ou élevé.

L’OMS rappelle, une fois encore, la nécessité d’adopter une approche préventive de santé publique en s’attaquant aux facteurs de risque : promouvoir une alimentation équilibrée et pauvre en sucres, arrêter l’usage de toutes les formes de tabac, réduire la consommation d’alcool et améliorer l’accès à un dentifrice au fluor efficace et abordable. « Se brosser les dents avec un dentifrice au fluor contenant une concentration de fluorure comprise entre 1 000 ppm et 1 500 ppm deux fois par jour est un moyen simple et efficace d’administrer du fluor par voie topique », note le rapport.

L’OMS préconise également d’intégrer les services de santé bucco-dentaire dans les soins de santé primaires pour créer des couvertures sanitaires universelles, de développer les compétences des travailleurs de la santé non dentaires pour étendre la couverture des services de santé bucco-dentaire et de renforcer les systèmes d’information en collectant et en intégrant des données sur la santé bucco-dentaire dans les systèmes nationaux de surveillance de la santé.

Rapport : https://bit.ly/3VgVDk5

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