Publiée le 22 juillet dans la revue « Nature biomédical engineering », une étude menée par une équipe de chercheurs de la North Carolina State University et de Texas Tech University présente une approche de vaccination aussi originale qu’inattendue : l’utilisation du fil dentaire comme vecteur de vaccin.
L’idée est simple : exploiter l’épithélium jonctionnel, ce fin tissu situé au fond du sillon gingival, pour introduire le vaccin. Contrairement à d’autres tissus épithéliaux, cette zone est plus perméable et laisse passer des cellules immunitaires.
« Parce que l’épithélium jonctionnel est plus perméable que d’autres tissus – et qu’il constitue une couche muqueuse – il représente une opportunité unique pour introduire les vaccins », explique Harvinder Singh Gill, l’auteur principal.
Les chercheurs ont appliqué un vaccin antigrippal expérimental sur du fil dentaire non ciré, utilisé ensuite pour le nettoyage interdentaire de souris de laboratoire.
Les résultats montrent une stimulation robuste de la production d’anticorps, non seulement dans le sang, mais aussi sur les muqueuses (nez, poumons). Or, ces surfaces constituent la porte d’entrée de nombreux agents infectieux comme la grippe ou la Covid-19.
« Nous avons constaté que l’application du vaccin via l’épithélium jonctionnel produit une réponse en anticorps sur les muqueuses bien supérieure à celle obtenue par la voie sublinguale », précisent les auteurs.
Les tests ont aussi confirmé l’efficacité de la méthode pour d’autres types de vaccins (virus inactivés, ARNm) avec des réponses immunitaires significatives.
Les chercheurs ont également évalué la fonctionnalité de leur découverte en utilisant des bâtonnets avec fil tendu (floss picks). Enduits de colorant alimentaire fluorescent, ces dispositifs ont été testés auprès de 27 volontaires. Résultat : environ 60 % du produit atteignait bien le sillon gingival, suggérant une faisabilité technique pour un futur vaccin.
L’approche reste expérimentale et soulève encore de nombreuses questions. Les chercheurs soulignent qu’elle ne serait pas adaptée aux enfants sans dentition complète et qu’il reste à évaluer son efficacité en cas de maladie parodontale.
Néanmoins, la méthode présente plusieurs avantages : facilité d’administration, absence d’aiguilles et coût potentiellement comparable aux techniques actuelles.
Commentaires