La prothèse collée cantilever en zircone est l’aboutissement d’une longue évolution des approches restauratrices a minima. Les premiers ponts collés ont été introduits dans les années 1970 par Rochette [1], qui proposait alors des armatures métalliques perforées collées à la résine. Si cette solution initiale répondait au besoin de restaurations conservatrices sans préparation mutilante, ses limites mécaniques et esthétiques ont rapidement orienté les cliniciens vers d’autres choix.
L’essor de la dentisterie adhésive dans les années 1990, puis l’apparition des céramiques à haute résistance comme l’In-Ceram Zirconia (Vita) et la zircone stabilisée à l’yttrium ont profondément transformé les paradigmes prothétiques. Le développement des colles à base de 10-MDP et la compréhension des techniques de sablage spécifiques à la zircone ont permis d’envisager une cohésion durable entre structure céramique et émail, condition préalable à toute restauration collée.
C’est dans ce contexte que le concept de bridge céramique en cantilever s’est imposé. Popularisé par Mathias Kern et ses collaborateurs, ce type de restauration a démontré en clinique des taux de survie exceptionnels : jusqu’à 100 % à cinq ans, 95 % à dix ans, et plus de 80 % à quinze ans [2].
La forme cantilever – ou en extension – est historiquement issue de la prothèse conventionnelle, mais elle se distingue par son unicité d’appui et par son mode de liaison adhésif. La stabilité biomécanique de cette configuration repose sur un triple équilibre : géométrie favorable, nature du matériau et rigueur du protocole de collage [3]. Les études cliniques ont montré que le recours à une seule ailette permettait de mieux répartir les contraintes, de limiter les décollements liés aux distorsions tridimensionnelles des doubles ancrages et d’optimiser l’intégration esthétique [4].
Le développement des restaurations en zircone…