Lésions cervicales non carieuses : comment coller sur la dentine sclérotique ?

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  • Publié le . Paru dans Réalités Cliniques n°4 - 15 décembre 2023 (page 74-78)
Information dentaire
Le collage aux lésions cervicales d’usure présente des valeurs d’adhérence diminuées. Cela est dû à la présence de dentine sclérotique. Cette dentine a deux grandes particularités : – une couche hyperminéralisée acido-résistante qui bloque les attaques acides ; – une proportion augmentée de cristaux d’hydroxyapatite. Pour coller à la dentine sclérotique, il faut donc attaquer mécaniquement la surface afin de diminuer l’épaisseur de la couche hyperminéralisée et utiliser un adhésif contenant du 10-MDP. Cette molécule peut établir un lien fort et durable avec les parties minérales dentinaires. Elle est contenue dans la majorité des adhésifs dits « universels ». Elle est la clé d’un collage amélioré à la dentine sclérotique.

Qu’est-ce que la dentine sclérotique ?

Pour rappel, la dentine saine est composée à environ 55 % d’une phase minérale (cristaux d’hydroxyapatite), à 30 % d’une phase organique (collagène principalement) et à 15 % d’eau. Elle présente des tubuli dentinaires dans lesquels sont nichés les prolongements des odontoblastes pulpaires. Les cristaux d’hydroxyapatite sont répartis dans la matrice collagénique entre les tubuli (intertubulaire) et autour des tubuli (péritubulaire ou intratubulaire). Grâce à Nakabayashi en 1982, on sait comment attaquer et se lier à cette dentine saine pour créer une couche hybride, clé du collage dentinaire.

Mais ce n’est pas cette dentine que l’on retrouve dans les LCNC. L’étiologie de ces lésions est multiple (abrasion, érosion, attrition, abfraction…) et complexe. Mais il s’agit toujours d’une agression lente et répétée. De ce fait, la dent a le temps de se défendre et d’éloigner la pulpe de l’agresseur en fabriquant des nouvelles couches de dentine : la dentine tertiaire et la dentine sclérotique.

La dentine sclérotique présente de grandes différences avec la structure classique [4] :

  • Les tubuli dentinaires sont partiellement ou totalement oblitérés par une phase cristalline de whitlockite (cristaux acido-résistants).
  • Certains tubules sont non oblitérés, mais vides de prolongement odontoblastique.
  • La densité de tubules dentinaires diminue au profit de la phase cristalline (la distance entre deux tubuli augmente).
  • Présence d’une couche hyperminéralisée en surface de la lésion (acido-résistante aussi). Elle contient encore du collagène, mais celui-ci est complétement dénaturé.
  • Présence de bactéries filamenteuses sur la couche hyperminéralisée et de bactéries « dormantes » enchâssées dans la phase minérale.

Pour compliquer le tout, la morphologie de la dentine sclérotique varie au sein d’une même LCNC :

  • Une couche hyperminéralisée…

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