La mise en œuvre d’une réhabilitation prothétique complète fonctionnelle après chirurgie carcinologique de la mandibule n’est pas toujours aisée, en particulier chez les patients n’ayant pu bénéficier d’une reconstruction du fragment réséqué. En effet, après pertes de substance interruptrices, la mandibule subit une latérodéviation provoquant une asymétrie faciale avec un menton décalé du côté opéré. Outre cette déviation, les contraintes liées à la réalisation d’une prothèse complète sont nombreuses chez ces patients : fragilité tissulaire, surfaces de sustentation et de stabilisation réduites, perte des sillons alvéolo-linguaux et jugaux, dysfonctionnement neuromusculaire
et limitation d’ouverture buccale (1, 2, 3). Ces particularités engendrent des troubles fonctionnels et esthétiques qui perturbent gravement la vie sociale et affective des patients et rendent les prothèses amovibles instables et difficiles à porter. La solution implantaire, lorsqu’elle est envisageable, se développe depuis plusieurs années pour ces situations. Cette option thérapeutique fait d’ailleurs l’objet d’une prise en charge par l’assurance maladie depuis le 27 décembre 2013. Toutefois, même lorsque la solution implantaire s’avère possible, deux étapes du traitement prothétique demeurent délicates mais capitales : la prise d’empreintes et la détermination des rapports maxillo-mandibulaires.
Le cas clinique décrit dans cet article illustre les étapes de la réalisation d’une prothèse amovible complète stabilisée sur 2 implants symphysaires chez une personne âgée après exérèse chirurgicale mandibulaire et radiothérapie.
CAS CLINIQUE
Le patient, un homme âgé de 80 ans, se présente à la consultation du Service d’odontologie des Hospices Civils de Lyon pour une réhabilitation prothétique globale motivée à la fois par des difficultés de mastication mais également par le souhait de retrouver « un…