Tous les ans, en France, on estime à environ 6 600 le nombre de diagnostics positifs posés pour un cancer de la cavité orale, une des plus fortes incidences d’Europe (1, 2). Parmi eux, plus de la moitié sera à l’origine d’un décès dans les 5 années à venir. Ce chiffre élevé s’explique par le fait que 70 % de ces cancers sont diagnostiqués à des stades avancés, soit parce que leur évolution est rapide (1), soit parce que leur diagnostic est tardif (1, 2, 3).
Parmi ces patients, environ 30 % auront consulté un chirurgien-dentiste avant que le diagnostic positif ne soit posé (1). La contribution de notre profession au dépistage et à la prise en charge précoces de ces maladies apparaît donc substantielle et influence grandement la survie des patients.
L’essentiel des cancers de la cavité orale est initié au niveau de sa muqueuse. Ils sont détectables cliniquement par les remodelages tissulaires qu’ils entraînent, ces derniers pouvant s’opérer avant même que le tissu n’ait acquis tout son potentiel malin. Toutefois, ces lésions malignes ou potentiellement malignes restent peu spécifiques. Leur diagnostic s’avère parfois difficile et la nature exacte de la lésion n’est révélée qu’après une analyse anatomopathologique. Ainsi, la biopsie d’une lésion peut-elle se faire « par défaut », une fois que toutes les autres étiologies possibles ont été écartées.
Parmi celles-ci, les lésions buccales induites par les prothèses complètes bi-maxillaires occupent une place particulière. En effet, ces prothèses sont retrouvées avec une incidence plus forte chez les patients de plus de 60 ans, âge moyen du diagnostic des cancers buccaux. Elles intéressent également souvent des patients éthylo-tabagiques, un facteur de risque pour le développement des cancers de la cavité orale. Enfin, ces cancers sont retrouvés dans des territoires régulièrement concernés par les blessures d’origine prothétique comme…