Scellement(s) immédiat(s) : les clefs du collage sur tissu altéré

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°28 - 12 juillet 2023 (page 20-26)
Information dentaire
Lorsqu’il est question de restaurer prothétiquement une molaire atteinte d’hypominéralisation molaire incisive (MIH), les recommandations sont d’éliminer le tissu hypominéralisé délétère au collage et de rechercher des marges d’émail sain. Mais quand l’isolation risque d’être compromise, et à l’ère d’une dentisterie minimalement invasive, n’avons-nous pas des solutions pour conserver partiellement ce tissu et l’optimiser au collage ? L’infiltration de cet émail poreux à l’aide de la résine infiltrante Icon® (DMG) permettrait de sceller, renforcer et préparer ce tissu hypominéralisé au collage. Cette résine ultra-fluide ayant fait ses preuves dans le masquage des défauts MIH antérieurs, elle pourrait être utilisée dans l’infiltration des défauts postérieurs, de sorte à créer une véritable assise résineuse à la restauration future. À l’image d’un scellement dentinaire immédiat SDI (en anglais IDS, immediat dentin sealing), ce scellement immédiat de l’émail SIE (en anglais IES, immediat enamel sealing) pourrait être une clé au collage sur tissu altéré.

Contexte

Le terme « hypominéralisation molaires incisives » (en anglais MIH, molar-incisor-hypomineralisation) a été défini en 2001 par Weerheijm et al. comme une anomalie d’origine systémique qui affecte au moins une des premières molaires permanentes, souvent associée à l’atteinte des incisives permanentes [1]. Aujourd’hui mondialement reconnu comme un problème potentiel de santé publique, avec notamment une prévalence française estimée à 18,7 % [2], la littérature scientifique reconnaît qu’il ne s’agit pas d’un défaut d’origine purement systémique, mais plutôt d’une affection à l’étiologie complexe [3] et n’atteignant pas uniquement les premières molaires et incisives permanentes [4, 5]. Le défaut hypominéralisé prend naissance au niveau de la jonction émail/dentine et se manifeste selon sa sévérité par des opacités délimitées de couleur blanc-crème à jaune-brun, avec une éventuelle perte d’émail post-éruptive localisée [1, 3]. Du fait de la porosité amélaire, les dents affectées présentent généralement des hypersensibilités dentinaires et sont sujettes au développement rapide de lésions carieuses [1, 3-5].

La problématique clinique de la dent MIH est triple : esthétique (défauts colorés), fonctionnelle (détérioration amélaire rapide) et biologique (hypersensibilité, susceptibilité à la carie). Lorsque la sévérité d’atteinte d’une molaire affectée nécessite une restauration indirecte, cette pièce collée aura quatre objectifs : protéger la pulpe des attaques extérieures, renforcer mécaniquement la dent, restaurer l’esthétique et la fonction. Cependant, le collage sur « tissu MIH » est compliqué, les recommandations actuelles sont d’éliminer l’ensemble du tissu hypominéralisé [6, 7]. A l’ère d’une dentisterie ultra-conservatrice, ne pouvons-nous pas « réparer » ce tissu et ainsi le conserver partiellement ? Aussi, lorsque l’élimination du tissu hypominéralisé…

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