Traitement d’une péri-implantite par chirurgie de régénération osseuse guidée

Par
Philippe Doucet
Publié le 24.11.2023. Paru dans L'Information Dentaire n°41 - 29 novembre 2023 (page 28-32)

La patiente

61 ans
Sous bêta-bloquant
Bonne hygiène orale
Parodontite traitée et stabilisée depuis 2016
Maintenances tous les 6 mois

L’implant

Posé en 2019 par son dentiste
Couronne d’usage transvissée
Péri-implantite diagnostiquée en 2020

1 et 2. Une simple pression digitale sur la muqueuse marginale vestibulaire laisse apparaître un saignement et une suppuration qui signent l’importance du phénomène inflammatoire et infectieux. Un débridement non chirurgical va être réalisé sous anesthésie locale autour de l’implant. Cette étape n’est pas toujours indispensable. Utilisée seule, elle n’est quasiment jamais suffisante pour stabiliser la situation péri-implantaire [1]. Dans notre cas, elle a été réalisée quatre semaines avant l’intervention, pour permettre une diminution de l’inflammation et faciliter la manipulation des tissus lors de la phase chirurgicale qui va suivre.

3. Une alvéolyse périphérique d’environ 3 mm est visible, mais plusieurs murs osseux semblent conservés. Une option de chirurgie reconstructrice peut être envisagée. Elle sera réalisée sous couverture antibiotique (amoxicilline, 2g/j pendant 5 jours).

4-6. Un lambeau de pleine épaisseur est réalisé. Des décharges mésiale et distale vestibulaires sont réalisées dans le but d’opérer un prélèvement d’os autogène dans la zone apicale à l’implant. Les défauts osseux mésial, distal et vestibulaire sont entièrement contenant. Dans ces zones, les parois osseuses résiduelles remontent jusqu’au col de l’implant. C’est une situation très favorable à une régénération osseuse péri-implantaire. En revanche, la paroi osseuse palatine est détruite en grande partie et ne remonte pas jusqu’au col implantaire. Cette morphologie de lésion est beaucoup moins favorable.

7. La surface de l’implant est décontaminée à l’aide d’un aéropolisseur. Puis le défaut est comblé à l’aide d’un mélange d’os autogène et d’une hydroxyapatite d’origine bovine, dans une proportion d’environ 50/50. L’os autogène est récupéré à l’aide d’un « bone scraper » dans la zone apicale à l’implant. Dans ce cas, l’utilisation d’os autogène est motivée par la forme globale du défaut. Bien que celui-ci soit entièrement contenant sur une bonne partie de la périphérie de l’implant, il présente des marges osseuses dont la surface globale est relativement faible par rapport au volume à combler. Cela rend le pronostic d’intégration d’un biomatériau utilisé seul moins prédictible. D’autre part, cet apport d’os autogène favorise une ostéoinduction dans le défaut.

8. Le matériau de comblement est recouvert d’une membrane résorbable en collagène. L’utilisation d’une membrane résorbable pour recouvrir les comblements péri-implantaires entièrement contenus par des murs osseux résiduels est discutable. La littérature ne montre pas de réel avantage à leur utilisation dans ces indications [2, 3]. Notre expérience montre que, lors de la phase de cicatrisation muqueuse (les deux premières semaines après la chirurgie), si la coaptation des lambeaux n’est pas parfaite, la contamination bactérienne du biomatériau peut nuire fortement à son intégration osseuse et compromettre le résultat final. Ceci nous semble particulièrement vrai dans les zones postérieures, où le contrôle de plaque est difficile les premières semaines. Pour pallier ce risque, nous conseillons tout de même l’utilisation d’une membrane résorbable, dont le rôle n’est pas tant de réaliser une stabilisation spatiale du biomatériau, mais plutôt de protéger le biomatériau de son environnement. En effet, la membrane en collagène résorbable nous semble beaucoup plus tolérante au biofilm que le matériau de comblement lui-même.

9. Des points simples sont réalisés à l’aide d’un fil monofilament résorbable 6/0.

13 et 14. À 3 ans, une régénération osseuse satisfaisante et un bel aspect des tissus péri-implantaires sont observés. Les poches font 3 mm en mésial, distal et palatin, et 2 mm en vestibulaire. Il n’y a pas de saignement au sondage.

Conclusion

Chez cette patiente, le traitement de la péri-implantite a été réalisé à l’aide d’une technique de régénération osseuse guidée péri-implantaire, dont l’indication a été principalement motivée par la morphologie du défaut osseux. Au-delà de la maîtrise du geste chirurgical, le bon résultat obtenu à trois ans est intimement lié à sa coopération en termes de suivi et de contrôle de plaque.

13 et 14. À 3 ans, une régénération osseuse satisfaisante et un bel aspect des tissus péri-implantaires sont observés. Les poches font 3 mm en mésial, distal et palatin, et 2 mm en vestibulaire. Il n’y a pas de saignement au sondage.

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