« Quand je serai grand, je voudrais être menuisier… »

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°30 - 11 septembre 2019
Information dentaire

L’enfant qui grandit découvre son environnement et porte souvent les objets à sa bouche. Les ingestions sont courantes : pièces de monnaie, billes, etc. Certains de ces corps étrangers, du fait de leur aspect ou de leur taille, peuvent mettre la vie en danger. En 2016, au centre antipoison américain, 68 000 ingestions de corps étrangers chez des enfants ont été déclarées. La gestion de l’extraction d’un corps étranger nécessite de connaître les structures anatomiques, les molécules à disposition permettant d’aider à l’extraction. Les éventuelles complications (luxation des dents, luxation des ATM, lésions palatines, épiglottite…) doivent être gérées.

Les auteurs rapportent le cas d’un garçon de 5 ans pris en charge aux urgences en raison d’un cube de bois de 4,5 cm bloqué dans sa cavité orale, à la suite d’une probable chute selon les enseignants de l’école où il était scolarisé. Ces derniers n’ont pas réussi à le lui enlever. Le bloc en bois n’a pas causé de traumatisme sur les incisives, mais la contraction réflexe musculaire associée à l’angoisse de l’enfant empêche sa dépose. Lors de sa prise en charge, le patient ne présente aucun autre traumatisme, est alerte mais inquiet, et n’arrive pas à s’exprimer. Une injection intraveineuse de diazépam (0,1 mg/kg) pour l’anxiolyse et le relâchement musculaire est effectuée. Un pédiatre est présent et distrait l’enfant en lui apportant des explications adaptées à son âge avec une tablette numérique. Le patient est assis tête en avant et, à l’aide d’un tenaculum, le cube est retiré.

Le diazépam a été considéré comme la molécule idéale du fait de ses effets anxiolytiques et de relaxation musculaire, de leur apparition en 4 à 5 minutes et du faible risque de complications respiratoires. D’autres molécules, comme le propofol ou la kétamine, auraient pu être proposées, mais le fait de ne pas pouvoir obtenir de ventilation avec un masque ou l’inaccès pour une intubation orale ont conduit à écarter le propofol qui comporte un risque de dépression respiratoire. La kétamine, elle, présente un risque de laryngospasme lors d’une stimulation palatine postérieure, ce qui est le cas dans cette situation. De plus, la kétamine peut également augmenter le tonus musculaire et aggraver les spasmes musculaires, ce qui aurait compliqué l’extraction du cube de bois.

En fin de discussion, les auteurs mettent l’accent sur les complications éventuelles dues à l’ingestion de corps étrangers situés profondément dans la cavité buccale comme une épiglottite non infectieuse liée à la palpation digitale lors d’une tentative d’extraction ; les symptômes comprenant : dysphagie, bave, détresse respiratoire et stridor.
Les corps étrangers conservés par voie orale sont rares chez les enfants et exigent de la part des professionnels de santé une approche prudente et une compréhension de l’anxiolyse pharmacologique. Ce cas montre également l’intérêt d’une implication multidisciplinaire dans ce genre de situation.

Article analysé : Baloda T, McBurnie ML, Macnow TE. A child with an unusual retained oral foreign body. J Emerg Med 2019 ; 56 (2) : 213-16.

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