Il est assez déçu, Jacques Vantomme. Le chirurgien-dentiste de Forest-sur-Marque (Nord) pensait vraiment faire mieux sur cette édition 2014 des Medigames. Sur les pistes de Wels, en Autriche (60 000 habitants), le bonhomme de 54 ans n’a pas réussi à jouer les premiers rôles avec son vélo sur route. Pas dans le rythme, pas de jambes, impossible d’espérer quelque chose à l’issue des quatre étapes. Heureusement, il a pu se rattraper sur l’épreuve de VTT. Et de belle manière, puisqu’il a décroché la médaille d’or. « Chaque année, le but est de ramener au moins une médaille. Là, j’ai eu de la chance », reconnaît le cycliste-dentiste, qui a connu des éditions « plus fructueuses ».
Et comme chaque année donc, il a eu droit au podium, aux applaudissements, mais pas au bisou de l’hôtesse, ni au champagne, ni à la Marseillaise. N’empêche, « l’esprit national est fort. C’est toujours impressionnant de s’entendre dire que vous représentez votre pays ». D’ailleurs, certaines délégations (comme l’Algérie, l’Espagne, l’Italie, la Roumanie, l’Allemagne ou la Turquie par exemple) n’ont pas hésité à agiter les drapeaux, notamment à l’occasion des cérémonies d’ouverture et de clôture où chaque nation défilait.
Pendant que Jacques Vantomme pédalait, ses confrères galopaient (course à pied), swinguaient (golf), s’écharpaient (judo), sprintaient (athlétisme), visaient (tir), mouchetaient (escrime) ou soulevaient (haltérophilie). Une dizaine d’épreuves en tout, donc.
Claquage… après 50 mètres de course
Habitué depuis nombreuses années de ces Jeux Mondiaux de la Médecine (Medigames), Jacques salut une nouvelle fois l’ambiance générale. C’est détendu, même si « ça ne rigole pas, le niveau est assez relevé ! ». Pharmaciens, vétérinaires, kinés, ophtalmologues, médecins ou chirurgiens-dentistes du monde entier sont venus pour ça : la gagne, le dépassement de soi, mais aussi la bonne humeur. Une fois la blouse blanche au placard, la compétition commence. Et tout est bon pour déstabiliser les adversaires. Personne ne s’est gêné par exemple pour « chambrer » ce monsieur de Genève qui a fait 900 km pour venir sur place, et qui s’est claqué après 50 mètres de course… La tuile. « Bon, normalement, tout le monde encourage tout le monde, précise Bertrand, kiné dans la vie. Mais il y a un peu de chauvinisme quand même. » Sur la piste, la confraternité professionnelle a donc ses limites…
Entre deux épreuves, les confrères discutent, partagent leur quotidien. « C’est toujours très intéressant d’entendre les points de vue de nos voisins sur tel ou tel sujet », explique Bertrand. Ce n’est pas le cas de tout le monde. Pour Pierre, vétérinaire à Narbonne, hors de question de parler travail : « Ce sont les seuls jours de vacances que je m’autorise tous les ans, alors… »
« Docteur, soyez prudent, on a besoin de vous »
Aux Medigames, on vient de tous les pays et on est de tous les âges. À 54 ans, Jacques Vantomme ne faisait pas partie des plus vieux. « Les confrères qui imposent le plus le respect sont ceux de la catégorie des plus de 65 ans, qui se disputent les victoires avec autant de ferveur que les plus jeunes ! »
Cycliste amateur depuis l’âge de 19 ans, notre chirurgien-dentiste en a sous la pédale. Sportif touche-à-tout, il s’est essayé une fois au triathlon, « mais je n’ai pas d’affinité avec la natation ». Installé dans sa commune du nord de la France depuis 1987, il connaît ses patients par cœur. Et l’inverse est vrai pour certains patients : ils connaissent sa passion de la petite reine. Avant chaque course, ils lui répètent même : « Docteur, soyez prudent, on a besoin de vous. » Le monde à l’envers… Et l’an prochain ? Jacques sera encore aux Medigames. Les épreuves auront lieu à Limerick, en Irlande, une terre de vélo. Un présage ?
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