J’ai travaillé plus de dix ans dans un centre mutualiste, en pédodontie. C’est la seule spécialité qui me convient, je m’ennuie en omnipratique » sourit Pauline Chardron-Mazière. « On soignait bien sûr des enfants en situation de handicap, nos locaux étaient aux normes, et je leur réservais un accueil adapté, car je suis moi-même maman d’une enfant handicapée. Mais j’avais envie d’aller encore plus loin ». Elle décide donc d’ouvrir son propre cabinet. Un cabinet dans lequel les enfants seront reçus en douceur, où les soins tiendront compte de la situation et des particularités de chacun. Voilà aujourd’hui deux ans qu’il est ouvert !
Les petits patients, qui ont entre 0 et 12 ans, sont reçus dans un très grand local aménagé aux normes, mais surtout pas stigmatisant. Pas question de bandes autocollantes noires et jaunes pour signaler les arêtes des meubles par exemple. À la place, de jolis stickers, tout aussi efficaces, mais moins agressifs. Dans la salle d’attente, les chaises sont empilables : si trois enfants en fauteuil roulant arrivent en même temps, on fait de la place facilement ! En salle de soin, le fauteuil de soin peut être plié pour laisser la place à une chaise roulante, même en position allongée.
Mais l’aménagement des lieux n’est pas le plus important. Le Dr Chardron-Mazière croit avant tout à un accueil résolument humaniste. Quand on parle de handicap, on pense souvent aux problèmes de motricité, mais beaucoup de ses patients ont des troubles du comportement. Certains ont peur, refusent le soin, se débattent, crient. Une approche adaptée s’impose. « Chez ces patients, on fait en sorte de créer un rituel de soin. La visite chez le dentiste devient une routine, pour qu’elle ne soit plus vue comme un événement inconnu, menaçant ». Ils viennent au cabinet tous les six mois, voire tous les trois mois, et peuvent ainsi se familiariser en douceur avec les gestes posés.
« Je fais du sur-mesure, explique-t-elle. De nombreux facteurs entrent en jeu : le type de handicap, le caractère de l’enfant, les pathologies chroniques, la culture. En fonction de tout cela, j’adapte le déroulement et la fréquence des visites ». Et en fonction des habitudes de vie, de l’alimentation, du type d’émail, de la salivation, elle définit ses conseils d’hygiène bucco-dentaire. Car la prophylaxie est capitale pour des patients comme ceux du Dr Chardron-Mazière, pour éviter des soins importants et intrusifs, pas toujours faciles à concilier avec le handicap. Le premier entretien avec les parents est très long. Il s’agit de bien cerner qui est l’enfant, quelle est sa famille. L’approche est très personnalisée. « La confiance s’installe, certains parents se confient, pleurent même. Je les invite à s’asseoir, à se détendre ».
Tous les enfants, quel que soit leur handicap, leur mode d’expression, leurs peurs, sont les bienvenus. « Les parents me disent : il va crier, il va bouger, etc. Aucun problème, on a l’habitude » sourit la praticienne. Chacun peut venir avec son doudou, sa tablette, son jeu fétiche. Le but est de mettre en confiance, pour pouvoir soigner en douceur.
Ce petit havre de paix médical est aussi entretenu par la présence rassurante de Flora, l’assistante de Pauline. Elles se connaissent depuis plus de dix ans. Flora était déjà aux côtés de sa praticienne au centre mutualiste où elle exerçait auparavant. À l’ouverture de son cabinet, Pauline a employé des assistantes en formation. Mais la maturité, la douceur maternelle, l’adaptabilité de Flora faisaient défaut. « Ce n’est pas la technique qui est au cœur de notre quotidien, mais la relation humaine. Nous ne suivons pas de scénario précis en fonction de l’âge de l’enfant, par exemple. Nos routes se sont recroisées par hasard, j’ai donc embauché Flora de nouveau. Le destin ! » rit Pauline. Il existe une complicité entre elles qui se passe de mots. Leur approche est la même. Elle se base sur l’observation de l’enfant, la patience, l’intuition. « J’agis en fonction du besoin de l’enfant, sur le moment » explique Flora. Qu’il s’agisse de lui prendre la main, de lui parler, ou bien de le tenir fermement quelques minutes le temps d’un soin.
Les tâches de Flora sont volontairement réduites, pour qu’elle puisse se consacrer pleinement à l’accueil. La prise de rendez-vous est assurée par un télésecrétariat. L’assistante est donc constamment au fauteuil, travaille à quatre mains. Elle se charge aussi de la stérilisation et du nettoyage des parties techniques. « On ne veut pas être bousculées, l’ambiance doit être sereine, pour nous et nos patients » affirme la praticienne. Et selon elle, quelle est la clé d’une collaboration réussie ? « C’est l’envie de travailler ensemble et d’aller vers un même but ». Pour Pauline et Flora, c’est mission accomplie !
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