Existe-t-il un lien entre maladie parodontale et migraine ?

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Information dentaire
La migraine est une maladie dont la prévalence est d’environ 12 % dans la population générale. Elle est considérée comme une cause importante d’invalidité dans le monde en raison de son fort impact, à la fois personnel et socio-économique. Deux types principaux de migraine existent : la migraine épisodique et la migraine chronique. Alors que la migraine épisodique est définie comme une crise de migraine survenant moins de 15 jours par mois, la forme chronique se caractérise par des céphalées survenant plus de 15 jours par mois pendant au moins 3 mois. Bien que les mécanismes exacts impliqués dans la pathogenèse de la migraine restent incertains, la dépression corticale et l’activation de la voie trigémino-vasculaire avec libération de plusieurs marqueurs pro-inflammatoires sont quelques-unes des hypothèses proposées pour expliquer l’apparition de la maladie.

Les résultats d’une étude ont montré que les taux sériques de leptine (hormone/cytokine dérivée des adipocytes, qui s’exprime au cours de l’inflammation et de l’infection) sont augmentés chez les patients migraineux chroniques (après ajustement avec l’âge, le sexe et l’indice de masse corporelle). De plus, les sujets qui souffrent de parodontite ont des niveaux plus élevés de leptine sérique par rapport aux individus en bonne santé parodontale.

Cette étude avait deux objectifs : d’abord comparer la prévalence de la parodontite chez les patients diagnostiqués comme migraineux chroniques avec un groupe témoin sans migraine ; puis déterminer si la présence d’une parodontite était associée à des niveaux plus élevés de leptine dans le groupe migraineux chroniques.

Les résultats ont en effet montré que la prévalence de parodontite et les taux sériques moyens de leptine étaient significativement plus élevés chez les patients atteints de migraine chronique que chez les témoins (57,6 % versus 36,2 %, p = 0,01 et 16,4 versus 7,2 ng/ml, p < 0,0001, respectivement). Les patients du groupe migraineux chroniques qui ont une parodontite ont des concentrations de leptine significativement plus élevées que les patients migraineux chroniques sans parodontite (19,8 contre 11,8 ng/ml,

p < 0,0001). Enfin, l’analyse multivariée en régression linéaire a montré que la présence d’une parodontite était un contributeur indépendant à des niveaux de leptine élevés chez les patients migraineux chroniques (R2 = 0,270, p = 0,013).

COMMENTAIRE

Cette étude montre que la maladie parodontale est prévalente chez les patients migraineux chroniques et que, lorsqu’elle est présente, elle contribue à des niveaux élevés de leptine sérique, indépendamment des autres facteurs confondants. Par conséquent, il semble que la maladie parodontale, via la leptine, pourrait être impliquée dans le processus de la chronicisation de la migraine.
Le rôle délétère de la leptine n’est également pas nouveau, notamment dans la pathogenèse de certaines maladies cardio-vasculaires : l’hypothèse a déjà été émise que l’augmentation de la concentration sérique de leptine jusqu’à 10 ng/ml pourrait être considérée comme un facteur de risque de maladie cardiovasculaire. Selon ces études, une augmentation des taux sériques de leptine due à la présence d’une maladie parodontale pourrait jouer un rôle dans la déstabilisation de la plaque d’athérome et la survenue d’un infarctus du myocarde/AVC.
On sait que la parodontite peut être traitée efficacement et que la thérapie parodontale a comme conséquence une baisse des taux sériques de leptine. Il serait donc désormais intéressant de suivre ces patients migraineux chroniques et de voir l’évolution de leur état en fonction de la réponse au traitement parodontal.

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