Le Conseil National de l’Ordre a envoyé par mail un questionnaire anonymisé à 34 455 chirurgiens-dentistes, afin de dresser un bilan de leur qualité de vie professionnelle. 6 783 y ont répondu. 92 % de ces derniers sont des omnipraticiens. 58,2 % prennent en charge entre 50 et 100 patients par semaine, 27,3 % entre 1 et 50 patients, 11,7 % entre 100 et 150 patients, 2,8 % plus de 150 patients.
Si le questionnaire a permis de recueillir des informations sur la santé générale des répondants, les trente interrogations soumises visaient surtout à étudier le burn out. Résultat : 58 % des répondants déclarent avoir été touchés par « l’épuisement professionnel », 54 % éprouvent une « perte d’accomplissement personnel » et 73 % ressentent une « dépersonnalisation des relations avec les patients ». Plus inquiétant, 14 % des praticiens disent avoir déjà eu des idées suicidaires. Près de 97 % des chirurgiens-dentistes déclarent avoir déjà été confrontés à des situations stressantes dans le cadre professionnel liées aux complexités techniques du métier et aux relations avec les patients. Ceci expliquant cela.
Un malaise de forte ampleur
Mais le plus surprenant est que parmi les répondants, 2 378 praticiens ont dévoilé être à ce jour en situation de burn out soit… 35 % de l’échantillon ! Ceux-là ont donc répondu à un second questionnaire permettant de qualifier leur niveau de burn out (bas, modéré, élevé), leur capacité à gérer les relations avec les patients et leur degré d’accomplissement personnel. Bilan : 44 % des répondants ressentent un niveau élevé d’épuisement professionnel, 27 % un niveau modéré et 29 % un niveau bas. 3 sur 10 ont un sentiment fort de dépersonnalisation, les deux autres tiers un sentiment moyen ou bas. Enfin, 32 % des praticiens éprouvent une forte perte d’accomplissement personnel (elle est moyenne pour 27 % et légère pour 41 %).
Des mesures rapides
« Conscient de la gravité de ces résultats », le Conseil national de l’Ordre veut trouver des réponses « de fond » et réfléchit d’ores et déjà à « des solutions concrètes » et à une « politique pour prévenir cette détresse ». Il veut rapidement travailler « au développement d’un partenariat avec l’ensemble des Ordres de santé visant à mettre à la disposition des confrères une plateforme téléphonique d’aide », car « le temps presse ».
Soulignons, dans ce cadre, qu’un débat organisé à l’Ordre des médecins le 10 avril, auquel participera notamment Gilbert Bouteille, président de l’Ordre des chirurgiens-dentistes, aura pour thème la solidarité pour les soignants. Il permettra, entre autres, d’explorer les causes de leur mal-être et d’échanger autour d’actions de prévention, partagées. L’objectif : parvenir à une prise en charge globale des difficultés des professionnels de santé.
Le burn out d’après l’INRS
Pour l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), le syndrome d’épuisement professionnel, ou burn out, est un ensemble de réactions consécutives à des situations de stress professionnel chronique dans lesquelles la dimension de l’engagement est prédominante. Il se caractérise par trois dimensions :
– l’épuisement émotionnel : sentiment d’être vidé de ses ressources émotionnelles ;
– la dépersonnalisation ou le cynisme : insensibilité au monde environnant, déshumanisation de la relation à l’autre (les usagers, clients ou patients deviennent des objets), vision négative des autres et du travail ;
– le sentiment de non-accomplissement personnel au travail : sentiment de ne pas parvenir à répondre correctement aux attentes de l’entourage, dépréciation de ses résultats, sentiment de gâchis…
Commentaires