La tranquille démographie professionnelle des ODF

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  • Publié le . Paru dans L'Orthodontiste n°1 - 15 février 2016
Information dentaire
Ce début d’année 2016 nous a paru le bon moment pour faire le point sur la démographie des orthodontistes qualifiés. À l’heure où le numerus clausus des chirurgiens-dentistes est fortement remis en cause par l’arrivée massive de praticiens à diplôme étranger (y compris Français), où le maillage territorial est toujours incertain, les ODF restent peu concernés. Revue de détail.

Le nombre de praticiens à diplôme étranger autorisés à exercer en France chaque année, même en progression constante reste faible : 1 en 2006 et 6 en 2015. Comme le montrent ces tableaux, les praticiens diplômés dans un pays n’en sont pas toujours ressortissants. 13 praticiens sont Belges mais 27 sont diplômés en Belgique…

Fruit sans doute d’un faible numerus clausus et d’une entrée en exercice plutôt tardive compte tenu de la durée du cursus, la pyramide des âges est homogène : il y a presque autant de praticiens entre 40 et 50 ans qu’entre 50 et 60 ce qui n’est pas le cas, loin de là, des chirurgiens-dentistes en général qui connaissent un vieillissement important avec une classe des 50-60 ans très prégnante. On remarque aussi que les femmes sont toujours présentes, majoritaires dans pratiquement toutes les classes d’âge.

Où exercent les ODF ?

Dans les mêmes zones que les omnipraticiens. Leur localisation recoupe en large partie la carte de densité des chirurgiens-dentistes dans leur ensemble. Les régions les plus fournies sont l’Ile-de-France (517 ODF), Rhône-Alpes (206), l’Aquitaine (158), le Nord-Pas-de-Calais (133) et le Languedoc-Roussillon (131). Les cinq départements les plus denses en ODF sont Paris (158), les Bouches-du-Rhône (109), le Nord (96), les Hauts-de-Seine (93), la Gironde (92). À l’inverse, deux départements ne comptent aucun praticien (le Cantal et la Haute-Saône). La Lozère, et la Creuse n’en abritent qu’un et l’Eure-et-Loir, deux.

« Pas d’inquiétude sur la démographie »

Trois questions à… Myriam Garnier, Secrétaire générale du Conseil national de l’ordre des chirurgiens-dentistes et présidente de la commission démographie

La situation démographique des ODF vous paraît-elle satisfaisante ?

Nous n’avons aucune remontée concernant des difficultés particulières au sujet des spécialistes qualifiés en ODF. On peut tout de même observer qu’ils s’installent plus facilement dans les centres des grandes villes, ce qui peut poser quelques problèmes d’accès aux soins pour les patients en zones rurales (distance kilométrique). En tout état de cause, aucun de leurs représentants ne nous alerte, au moment de fixer le numerus clausus de leur spécialité avec le ministère de la Santé.

Faudra-t-il modifier le numerus clausus des postes d’internat dans les années qui viennent ?

Peut-être. Car la profession perd désormais 20 à 30 praticiens par an puisque le numerus clausus est passé d’environ 75 avec le CECSMO à 53 avec l’internat. Sur le long terme, ce déficit n’est pas négligeable et se cumule avec des départs en retraite. Par ailleurs, nous n’avons pas une réelle visibilité sur le nombre de praticiens prodiguant des soins orthodontiques, bien que le Conseil national de l’ordre ait initié une enquête à ce sujet. En effet, si nous connaissons précisément le nombre de spécialistes qualifiés d’ODF, nous ne savons pas combien de praticiens exercent de manière exclusive, ni même combien d’omnipraticiens prennent en charge quelques traitements. Pour l’instant, l’offre de soins semble en adéquation avec la demande. Les patients ne font pas de distinguo entre les spécialistes qualifiés en ODF et les exclusifs.
Dans ce domaine le « bouche-à-oreille » fonctionne plutôt bien. Ils cherchent un praticien capable de les satisfaire.

On parle beaucoup de l’arrivée de praticiens à diplôme étranger qui pourraient déstabiliser l’équilibre démographique de la profession. Les ODF sont-ils concernés ?

Oui. Les orthodontistes ne sont que partiellement protégés par leur diplôme puisque la directive 2005/36/CE du Parlement européen et du conseil du 7 septembre 2005 relative permet la reconnaissance automatique de certaines qualifications professionnelles en orthodontie. Seuls quelques rares praticiens à diplômes étrangers sont autorisés à exercer chaque année par le ministère de la Santé. Mais l’arrivée de praticiens diplômés à l’étranger est, en effet, une difficulté majeure. Nous avons désormais à gérer, chaque année, l’entrée dans la profession des praticiens issus du numerus clausus français (1 200 diplômés des universités, Français) à quoi s’ajoute, le flux migratoire des praticiens étrangers à diplôme étranger et des praticiens français à diplôme étranger (+17 % par rapport à 2014). On notera qu’en 2015, 136 Français à diplôme étranger se sont inscrits à un tableau en France. Nous discutons beaucoup avec les autorités européennes sur la mise en place d’un numerus clausus européen qui pourrait améliorer les choses. Mais cela prendra un peu de temps.

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