Selon un rapport du Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM) publié le 2 octobre, les dépassements d’honoraires connaissent une accélération préoccupante.
En 2024, ils ont atteint 4,3 milliards d’euros pour les seuls médecins spécialistes, un montant en hausse de 5 % par an depuis 2019, après une décennie de relative stabilité.
Créé en 1980 pour permettre aux praticiens du secteur 2 de fixer librement leurs tarifs, le système des honoraires libres devait rester marginal. Il est désormais la norme : 56 % des spécialistes exercent en secteur 2, contre 37 % en 2000.
Parmi les jeunes installés, cette proportion atteint 74 %. Cette dynamique alimente une hausse mécanique et structurelle des dépassements, qui tend à s’auto-entretenir.
Ces suppléments d’honoraires, non pris en charge par l’assurance maladie obligatoire, pèsent directement sur les ménages et leurs complémentaires. Ils représentent 14 % du reste à charge total des patients après remboursement, avec de fortes disparités territoriales : un patient parisien paie en moyenne quatre fois plus qu’un patient de province.
Au-delà du coût, le HCAAM souligne les effets pervers sur l’accès aux soins et la régulation du système : les spécialités les plus lucratives concentrent les installations, tandis que les zones modestes restent sous-dotées.
Les dépassements, censés compenser les écarts de revenus entre spécialités, « fragilisent la cohérence des tarifs conventionnels » et entretiennent des inégalités territoriales et sociales croissantes.
Le HCAAM appelle à réexaminer le cadre du secteur 2 et à renforcer les dispositifs de régulation pour éviter une dérive durable du modèle.
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