Récessions gingivales 10 à 15 ans après traitement orthodontique : une étude de cohorte rétrospective

  • Publié le . Paru dans L'Orthodontiste n°3 - 30 juin 2018
Information dentaire
Le traitement orthodontique est associé à une augmentation de la prévalence des récessions gingivales, qui demeure identique à celle de patients non traités présentant des malocclusions similaires.

Les récessions gingivales sont plurifactorielles et peuvent être, lorsqu’elles apparaissent du côté vestibulaire, la conséquence d’un brossage traumatique, du tabac, d’un biotype parodontal fin ou du vieillissement. Cependant, les récessions vestibulaires ou linguales peuvent également apparaître après un traitement orthodontique au cours duquel les dents ont été déplacées en dehors de l’os alvéolaire. Les études concernant la prévalence des récessions gingivales chez les patients traités orthodontiquement sont contradictoires.
 
L’objectif des auteurs était donc d’étudier de manière rétrospective le développement à long terme (dix à quinze ans après traitement orthodontique) de récessions gingivales. La prévalence des récessions a ensuite été comparée à celles de patients des mêmes âge et sexe, non traités, présentant des malocclusions. Quatre-vingt-huit patients débagués dix à quinze ans auparavant ont pu être rappelés pour un contrôle et inclus dans l’étude. Le groupe contrôle (cent quarante-trois sujets, d’âge moyen 28 ans) a été constitué par les patients adultes se présentant en consultation pour le traitement de leur malocclusion et n’ayant pas d’antécédent de traitement orthodontique. La présence de récession gingivale a été évaluée selon la classification de Miller sur les moulages avant traitement (T0), immédiatement après traitement (T1), en fin de contention (T2) et au rappel à dix-quinze ans (T3). L’hygiène orale à T3 a également été évaluée, et un questionnaire concernant les habitudes d’hygiène orale et les antécédents d’aléas liés à la contention a été remis aux patients.
 
Dans les deux groupes, la malocclusion de départ, et la quantité d’encombrement initial ont été évalués. Les résultats de cette étude mettent en évidence une augmentation de la prévalence de récessions gingivales au cours du traitement orthodontique. À T1, 54,5 % des patients traités présentaient une récession vestibulaire, puis 85,2 % à T2 et enfin 98,9 % à T3. De plus, entre T1 et T3, le nombre de patients avec des récessions multiples (plus de cinq sites) est passé de 10,2 % à T1 à 27,3 % à T2, et 86,3 % à T3. Cependant, l’examen du groupe contrôle présentait des résultats similaires à celui du groupe traité.
 
Pour les récessions palatines, la prévalence est passée de 18,2 % à T1 à 59,1 % à T2, et 85,2 % à T3, et pour les récessions multiples de 0 % à T1 à 9,1 % à T2, et 38,6 % à T3. Les patients du groupe contrôle présentaient plus de récessions gingivales palatines (99 % à T3) et plus de récessions multiples (46,6 % vs 39,3 % entre un et quatre sites de récession, et 34,1 % vs 52 % entre cinq et neuf sites de récession pour les patients traités et contrôle respectivement). Les récessions chez les patients traités étaient principalement localisées sur les incisives centrales, premières prémolaires et premières molaires maxillaire et mandibulaire, alors qu’elles étaient distribuées de façon identique chez les sujets contrôle au maxillaire mais de manière uniforme sur toutes les dents à la mandibule.
 
Les auteurs concluent que si le traitement orthodontique est associé à une augmentation de la prévalence des récessions gingivales, cette prévalence est identique à celle de patients non traités présentant des malocclusions similaires.

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