Dans la série haro sur les boomers, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a publié le 28 août une étude qui met en lumière une inégalité dans le financement du système de santé : les actifs, notamment les plus modestes, consacrent proportionnellement plus de leurs revenus à la santé que les retraités aisés.
En moyenne, un ménage consacre chaque année 6 800 euros à la santé (contre environ 4 400 euros pour l’alimentation, par exemple), soit 15 % de son revenu. Ce montant inclut non seulement le reste à charge et les primes de complémentaire santé, mais surtout les cotisations sociales, la CSG et des taxes sur la consommation, principales sources de financement de l’assurance maladie obligatoire.
« Le poids de la santé dans les revenus varie sensiblement selon les ménages : 7 % pour les 10 % de ménages pour lesquels elle pèse le moins dans le revenu, 23 % pour les 10 % de ménages pour lesquels elle pèse le plus, et même 34 % pour 1 % des ménages », détaille le service statistiques du ministère de la Santé.
Ce sont les actifs qui supportent le plus lourd effort. Parmi les 10 % de ménages pour lesquels la santé pèse le plus, trois quarts sont des actifs en emploi. La raison : le financement de l’assurance maladie repose largement sur les revenus du travail. Les salariés et indépendants paient des cotisations sociales directement prélevées sur leurs salaires et revenus, auxquelles s’ajoutent la CSG et les taxes sur la consommation.
Résultat : un actif avec un revenu médian ou aisé consacre en moyenne 18 % de ses ressources à la santé, contre seulement 11 % pour un retraité au même niveau de vie.
Les retraités bénéficient en effet d’un allégement relatif. Leurs pensions sont moins soumises aux cotisations maladie, et les très aisés profitent davantage de cette architecture contributive.
À l’inverse, les travailleurs modestes, avec des revenus plus bas, voient leurs primes de complémentaire et leurs restes à charge peser proportionnellement plus lourd.
Enfin, les ménages les plus fragiles cumulent double peine : faibles revenus et dépenses de santé élevées, notamment en dentaire ou en cas d’affection de longue durée (à noter que les données de l’enquête datent de 2019, avant le déploiement complet de la réforme du 100 % santé). Parmi le 1 % de ménages pour lesquels la santé représente plus d’un tiers du revenu, trois quarts sont modestes, souvent retraités mal couverts.
Ainsi, le principe d’équité « à chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins » est mis à l’épreuve : le financement de l’assurance maladie repose davantage sur les actifs, tandis que les retraités les plus aisés sont proportionnellement moins sollicités.
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