Universités : les pataquès de la réforme de la PACES

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Information dentaire

Emplois du temps surchargés, étudiants oubliés, stress intense, manque d’informations, cours inadaptés, modalités de sélection inconnues, formations inégalitaires… La réforme de la PACES (Première année communes aux études de santé) qui s’applique pour la première fois lors de cette rentrée universitaire est mal engagée, préviennent les principales associations d’étudiants en santé dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, le 19 novembre (UNECD-dentaire, ANEMF-médecine, l’ANEPF-pharmacie, ANESF-maïeutique, FNEK-kiné).

Depuis la rentrée 2020, en effet, les bacheliers ont le choix entre trois voies d’accès aux études de santé.

Soit, opter pour une première année dite « PASS » (Parcours Accès Santé Spécifique) avec une majorité d’enseignements en santé similaires aux enseignements dispensés en PACES mais comprenant un enseignement dans une autre discipline (une « option », lettres ou droit par exemple). Il s’agit de faciliter la réorientation en cas d’échec. Car si l’étudiant ne passe pas en deuxième année de dentaire, médecine, pharmacie ou maïeutique, il pourra poursuivre ses études en licence dans la discipline optionnelle qu’il aura choisie, à condition d’être admis en 2e année. Après une ou deux années supplémentaires dans cette voie optionnelle, il pourra à nouveau tenter la filière de santé de son choix.

Soit, intégrer une licence universitaire dans une matière quelconque (histoire, biologie, maths, chimie, droit…) avec, en plus, un enseignement en santé. À la fin de la première, de la deuxième ou de la troisième année validée de cette licence avec option « accès santé » dite « L.AS », l’étudiant pourra se présenter aux épreuves d’admissibilité pour intégrer la deuxième année de dentaire, médecine, pharmacie, ou maïeutique. L’étudiant pourra présenter sa candidature aux études de santé deux fois.

Soit, enfin, suivre pour une formation de trois ans menant au diplôme d’auxiliaire médical (infirmier, kiné, orthésiste…) avant d’intégrer ces cursus.

Les ambitions de cette réforme sont importantes : éviter qu’après un ou deux années de PACES, plus de 25 000 étudiants se retrouvent chaque année en situation d’échec, forcés à se réorienter sans projet professionnel mais aussi, supprimer le numerus clausus pour permettre une adaptation du nombre de professionnels aux besoins des territoires, diversifier les profils des étudiants en santé ou encore, en finir avec les QCM du concours terminal au profit du contrôle continu, de partiels ou d’épreuves orales.

Charges de travail inéquitables
Après trois mois d’application la réforme semble bancale. « Nous constatons actuellement qu’il n’existe aucune coordination entre les différentes voies d’entrée, déplorent les associations d’étudiants. Si les UFR Santé ne sont plus les seules à proposer des formations permettant d’accéder aux études de santé, il semblerait que la réforme se soit imposée aux autres composantes, sans qu’elles en comprennent réellement le fonctionnement et les enjeux ».

Les étudiants en L.AS par exemple, ont le sentiment d’être oubliés à la fois par l’UFR Santé qui se préoccupe en premier lieu des PASS, et à la fois par la composante à laquelle ils sont rattachés avec la présence d’étudiants en licence classique aux aspirations et emplois du temps différents. Quant aux étudiants en PASS, ils dénoncent de fortes inégalités dans la charge de travail en fonction des mineures choisies : des volumes horaires inégaux, des charges de travail inéquitables, et des matières plus ou moins proches de la santé. D’autant que l’accès aux mineures souhaitées a été parfois refusé par les UFR car certaines licences sont « saturées ». Les étudiants ont donc fait des choix de licences non désirées, « ce qui va à l’encontre de la volonté d’orientation progressive de la réforme », soulignent les associations.

Autre grief : les examens censés remplacer le concours. « Les nouvelles modalités d’évaluation n’ont d’examens que le nom et ne sont autres que des concours déguisés sous forme d’évaluations terminales, selon les étudiants. Rétrogrades et hypocrites, ces modalités se doivent de muer pour que cette réforme soit en adéquation avec les promesses effectuées ». Un quart des facultés seulement ont précisé les modalités des oraux et examens écrits de sélection pour entrer en deuxième année, et certains étudiants ne savent toujours pas à quoi ressembleront les examens de décembre…

#PronosticMentalEngagé
Les associations d’étudiants, qui ont rédigé un rapport d’une trentaine de pages sur la situation et les pistes d’amélioration possibles (👉 shorturl.at/yCNPY), réclament en particulier des moyens humains et financiers supplémentaires pour « assurer la continuité pédagogique à distance et créer des postes de secrétariat permettant la liaison entre étudiants, enseignants et scolarité ». Ils demandent également la création d’une foire aux questions (FAQ) sur le site du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche pour apporter « des réponses claires, complètes et officielles sur les principes de la réforme et l’organisation de l’entrée dans les études de santé au sein de chaque université ».

Pour se faire entendre, ils ont lancé le hashtag #PronosticMentalEngagé, ainsi qu’une campagne vidéo sur les réseaux sociaux pour sensibiliser aux risques psychosociaux et dénoncer surtout l’impact de la réforme du premier cycle  » sans moyen à la hauteur », sur les jeunes en temps de crise sanitaire.

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