Parodontite : les aspects microbiologiques

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°13 - 30 mars 2022 (page 42-52)
Information dentaire

La parodontite est une maladie inflammatoire, infectieuse et multifactorielle, engendrant la destruction des tissus entourant la dent, le parodonte et la résorption de l’os alvéolaire, provoquant la formation d’une poche parodontale (PP). Consécutivement à la perte tissulaire, le risque de mobilité dentaire et de perte de l’organe dentaire s’accroît. Par ailleurs, le passage de bactéries parodontales et de leurs sous-produits (lipopolysaccharides) de la poche parodontale vers la circulation sanguine se produit quotidiennement, par la mastication et le brossage. Dès lors, les parodontopathogènes peuvent être disséminés à distance et entraîner, d’abord une augmentation de l’inflammation systémique, et ensuite une infection métastatique, toutes deux à l’origine de la relation entre les maladies parodontales et les maladies systémiques [1-6].

La genèse et la progression de la parodontite décrite par Page et Korman (fig. 1) [7] requièrent la présence du microbiome parodontal, la susceptibilité de l’hôte de développer la maladie, et de tous les facteurs locaux et systémiques participant au déséquilibre entre l’hôte et le micro-organisme.

Étiologie

La présence de biofilm au sein des espaces gingivo-dentaires induit une réponse immuno-inflammatoire qui peut être protectrice (en cas de maintien d’un parodonte sain) ou destructrice (en cas de présence d’une parodontite). Par ailleurs, les pathogènes présents au sein de ce biofilm possèdent des facteurs de virulence capables autant de détruire les tissus parodontaux que de neutraliser les défenses immunitaires de l’hôte, ce qui participe à la progression de la maladie.

La dysbiose entre la flore bactérienne et la réponse de l’hôte induit la genèse et la progression de la parodontite. L’agression bactérienne est, dès lors, considérée comme la première étiologie de la parodontite. En outre, les facteurs locaux, environnementaux et systémiques (engendrant un déséquilibre entre l’hôte et le pathogène) modulent et impactent la pathogenèse et la progression de la maladie. Ces facteurs non bactériens (locaux et systémiques) sont considérés comme la deuxième étiologie de la parodontite [1, 4, 5, 9-39].

Le microbiome

La cavité buccale est constituée non seulement par un microbiome de plus de 700 phylotypes bactériens représentant plusieurs millions de micro-organismes (MOO), mais également par de nombreuses niches pouvant être colonisées. En effet, la fixation des bactéries se produit sur les surfaces telles que les dents, les restaurations dentaires, la langue, les épithelia, la muqueuse buccale… Le microbiome oral, faisant partie du microbiome humain, peut positivement ou négativement interagir avec l’hôte. Par conséquent, la présence de bactéries peut soit refléter la bonne santé bucco-dentaire (Streptococcus, Gemella haemolysans, Lactobacillus, bifidobacterium…), soit contribuer à la présence de maladies orales telles que les caries (Streptococcus pyogenes, Streptococcus mutans…) et la parodontite (Porphyromonas gingivalis, Tannerella forsythensis…).

Les facteurs…

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