L’usure dentaire érosive constitue la troisième manifestation bucco-dentaire la plus fréquemment observée en Europe, après la carie et les maladies parodontales [1]. En l’absence de prévention efficace, elle peut avoir des répercussions importantes sur l’esthétique, la qualité de vie liée à la santé orale, et compromettre la longévité des dents concernées [2]. Bien que la sensibilisation vis-à-vis de ce phénomène progresse au sein de la population, chez les patients comme chez les professionnels de santé, la manière d’instaurer et de maintenir une prévention efficace reste encore mal connue [1].
L’usure dentaire érosive est un processus multifactoriel, dont la prévention exige une bonne connaissance du cycle de vie naturel des dents ainsi que de la physiopathologie spécifique de ce phénomène [3]. Il est en effet essentiel de considérer que l’usure dentaire érosive peut faire partie intégrante du vieillissement physiologique, et que son degré de sévérité doit être évalué en fonction de l’âge du patient et de la durée de vie attendue de chaque dent, ce qui nécessite une certaine expertise clinique [4]. Toutefois, l’allongement de l’espérance de vie des patients et la diminution du nombre de pertes dentaires renforcent l’enjeu d’une prise en charge préventive efficace et précoce de cette usure [5].
Il convient également de souligner que l’usure dentaire érosive est une manifestation, et non une maladie, et qu’elle peut affecter autant la dentition temporaire que permanente [6]. De nombreuses études ont démontré que l’usure dentaire érosive est évitable [7-9], ce qui positionne la prévention secondaire comme un levier central dans la prise en charge des patients à haut risque. Il est donc crucial d’identifier l’usure dentaire « non liée à l’âge » le plus précocement possible, afin de cibler et de maîtriser les facteurs de risque susceptibles de favoriser sa progression…