Prise en charge des consommateurs de psychostimulants au cabinet dentaire

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°8 - 22 février 2023 (page 14-17)
Information dentaire
Selon l’Observatoire Français des Drogues et des Tendances addictives, la consommation des psychostimulants, en particulier cocaïne et amphétamines, a fortement augmenté en France lors des deux dernières décennies [1]. Cet article a pour but de rappeler au chirurgien-dentiste la nécessité de repérer ces usages et les réflexes à avoir au cabinet dentaire lors de la prise en charge de ces consommateurs.

D’une manière générale, les utilisateurs de substances psychoactives sont plutôt masculins et généralement âgés de moins de 45 ans [2, 3]. La cocaïne se présente schématiquement soit sous forme de poudre blanche qui est injectée ou sniffée, ou bien de cailloux (« cocaïne basée » ou crack) qui sont fumés [4]. Les amphétamines sont principalement consommées en France sous forme de 3,4-méthylènedioxy-N-méthylamphétamine (MDMA ou ecstasy).

La consommation de ces différentes substances peut entraîner une sensation de puissance intellectuelle et physique, une indifférence à la fatigue, et un sentiment d’euphorie, associé parfois à des délires mégalomanes et/ou paranoïaques, une agitation psychomotrice, une hyperthermie accompagnée d’un effet antidiurétique. à distance des consommations, et surtout en cas d’usage chronique, survient une phase de « descente », marquée par des symptômes de type dépressif, une anxiété et une forte irritabilité [4, 5]. La consommation concomitante d’autres substances psychoactives, en particulier l’alcool ou le tabac, est aussi très fréquente [6, 7].

Impact sur la santé orale

Cocaïne et amphétamines possèdent une action vasoconstrictrice sur les vaisseaux sanguins et les glandes salivaires entraînant la baisse du flux salivaire et une xérostomie [8]. Par ailleurs, le pH salivaire est diminué en raison de l’acidité de la cocaïne par voie inhalée ou, plus anecdotiquement, par application topique sur la gencive. En conséquence, la neutralisation par la salive des acides produits par les bactéries du biofilm dentaire ainsi que ses capacités à reminéraliser l’émail sont altérés [8-11]. Ainsi, les érosions dentaires, les pathologies carieuses et parodontales sont-elles significativement plus fréquentes chez les consommateurs de psychostimulants [12-16]. La consommation chronique de MDMA/Ecstasy se caractérise par la présence de nombreuses caries « rampantes »…

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