Le sommeil est essentiel pour la santé et le bien-être des enfants. Il est composé de patterns multidimensionnels d’alternances veille-sommeil, adaptés aux exigences individuelles, sociales et environnementales, permettant une promotion de la santé physique et la santé mentale. La littérature scientifique a ainsi pu dégager six facteurs de sommeil qui déterminent son impact sur la santé physique et mentale, appelés santé du sommeil (fig. 1) : la durée du sommeil, son efficacité, son timing (positionnement de la période du sommeil dans le cycle des 24 heures), la régularité des rythmes veille-sommeil, la satisfaction des enfants (et de leurs parents) avec leur sommeil, et la vigilance diurne qui découle d’une quantité et qualité appropriées du sommeil [1].
Parmi ces facteurs, la durée du sommeil recommandée (fig. 2) est particulièrement menacée en population d’enfants et d’adolescents aujourd’hui, avec un temps de sommeil en population pédiatrique qui est en chute ces dernières années. Il est actuellement estimé qu’un collégien sur quatre (26,7 %) et au moins quatre lycéens sur dix (43,7 %) en France présentent une « privation de sommeil ». Ces jeunes ont l’habitude de dormir plus de deux heures de plus les matins sans classe (week-ends et vacances) que ceux où ils ont cours le lendemain (ce qui correspond à un jetlag social) [2]. Ce constat s’associe à une hausse sans précédent des demandes de prise en charge en santé mentale qui devrait se poursuivre dans les prochaines années. Dans ce contexte, le projet de stratégie nationale de santé actuel (2023-2033) place le sommeil parmi les objectifs de son programme [3], et un rapport sur le sommeil de l’enfant avec des recommandations précises sera sous peu publié par l’Académie de Médecine. Le sommeil et la santé mentale entretenant des liens complexes et bidirectionnels, toute pathologie altérant l’un est susceptible…
