L'Information Dentaire n°33 - 1 octobre 2025

La parodontite, une maladie méconnue

À l’inverse de la carie dentaire dont tout le monde connaît les conséquences destructrices et déplaisantes, la maladie parodontale est plus discrète, elle se cache et n’est que rarement douloureuse. Les patients sont alors surpris de ne pas souffrir au vu du descriptif qu’on leur en fait : « Votre os est détruit par des microbes et votre propre système immunitaire. »

Même nos confrères médecins la connaissent très peu et ne sont en général pas informés de ses conséquences sur la santé générale…

Une étude récente réalisée par Haleon et l’Union Française pour la Santé Bucco-Dentaire (UFSBD [1]), dont les résultats ont été publiés dans nos actualités en juillet dernier, a retenu toute mon attention. Les résultats sont parlants et montrent que 2 Français sur 3 observent des saignements gingivaux et ressentent une sensibilité dentaire et gingivale, mais ignorent que ce sont des symptômes de pathologie parodontale. Ils considèrent qu’il s’agit des signes normaux. De plus, 46 % ne voient pas l’intérêt de prendre un rendez-vous au cabinet dentaire lorsqu’ils considèrent que leur santé orale est bonne.

Les facteurs de risque des parodontites sont multiples et variés, généraux, environnementaux ou dus à des facteurs locaux et il n’est pas toujours facile de quantifier l’impact de chacun d’eux. Prenons l’exemple des lésions osseuses angulaires : elles restent un défi thérapeutique au vu de leur anatomie particulièrement complexe. On a souvent incriminé un problème occlusal comme responsable de ces lésions. Notre confrère Cyrille Rolland nous propose une description de l’implication d’un traumatisme occlusal dans la genèse de ces cratères osseux et son impact potentiel. Il met en évidence l’importance d’une synergie entre traitement occlusal et parodontal non invasif par des exemples cliniques.

D’ailleurs, les traitements parodontaux ne sont pas mieux connus que la maladie et les patients reculent souvent devant une prise en charge de peur qu’on ne leur « décolle la gencive pour aller gratter l’os ». L’interprétation qu’ils font de nos discours d’une part et les informations et témoignages disponibles sur le Net d’autre part entraînent une mauvaise compréhension et sont fortement anxiogènes.

Il est donc urgent de réagir ! Nous pourrions, chacun dans notre cabinet, commencer par informer nos patients, à titre préventif, de l’existence de ces pathologies parodontales en décrivant les symptômes de manière qu’ils ne soient pas surpris et qu’ils en fassent part à leur entourage. Des mesures ont été proposées par l’UFSBD, comme la mise en place d’une campagne de sensibilisation axée sur les maladies parodontales, la réalisation de protocoles de dépistage interdisciplinaire, le renforcement de la synergie avec les autres professionnels de santé, la mise en œuvre d’actions ciblées sur les patients à risque.

Les praticiens attendent avec impatience des guides de bonnes pratiques interdisciplinaires, des protocoles conjoints de dépistage ou encore une meilleure communication avec les médecins et pharmaciens.

La prévention reste la plus importante ! Et si nous commencions tous par placer une sonde parodontale sur chaque plateau d’examen en recherchant systématiquement la présence d’un signe de souffrance parodontale ?

À vos sondes parodontales, consœurs et confrères !

Michèle Reners, Rédactrice en chef

1/ Lien de télécharger : Baromètre de la santé bucco-dentaire Haleon