L’Association dentaire française (ADF) a mis en ligne, le 24 novembre, un guide inédit consacré à l’usage de l’intelligence artificielle (IA) en odontologie. Face à la multiplication des solutions numériques – de l’aide au diagnostic à la planification implantaire –, ce document vise à donner aux praticiens des repères clairs pour évaluer les dispositifs intégrant de l’IA avant de les adopter.
Le guide s’articule autour d’une grille d’analyse intuitive, composée de dix critères clés : origine des données, conformité réglementaire, explicabilité, garantie humaine, coûts, support technique… Chaque item est associé à un code couleur (vert, jaune, rouge) pour faciliter la décision.
« Nous avons travaillé avec méthodologie pour proposer un outil structuré, opérationnel et fondé sur les données disponibles dans la littérature scientifique », expliquent les auteurs, un collectif de 13 contributeurs issus du monde académique et clinique.
Trois cas pratiques illustrent l’utilisation de la grille pour évaluer des dispositifs existants : analyse critique d’un dispositif médical d’aide au diagnostic carieux, de détection des lésions buccales et de génération de documents médicaux . « L’idée est de donner aux praticiens des repères simples pour poser les bonnes questions, comme ils le feraient pour choisir un matériau ou un laboratoire », souligne un des rédacteurs.
Au-delà de cette grille, le document revient sur les fondamentaux de l’IA appliquée à la dentisterie, ses bénéfices potentiels et ses limites dans le traitement des données d’imagerie, d’aide au diagnostic et à la conception de plans de traitement, d’aide à la mise en œuvre du traitement ou de suivi clinique à distance.
Enjeux éthiques et juridiques
Le guide insiste sur la nécessité d’un regard critique, notamment face à des technologies parfois perçues comme un outil capable de tout faire ou de les remplacer. « L’IA doit être positionnée à sa juste place : un outil parmi d’autres, dont le bon usage se construit progressivement, en collaboration avec le praticien », rappelle l’ADF.
Le texte aborde également les enjeux éthiques et juridiques : transparence des algorithmes, protection des données, responsabilité en cas d’erreur. Il s’inscrit dans le cadre du règlement européen sur l’IA (AI-Act) , qui impose des standards élevés pour les systèmes à « risque élevé » en santé. La notion de « garantie humaine » est mise en avant pour maintenir une supervision clinique et éviter le biais d’automatisation. Le professionnel reste responsable des décisions, mais il doit pouvoir comprendre et contrôler ce que propose l’IA.
Pour les cabinets, ce guide se veut pratique. L’ADF recommande de l’utiliser régulièrement, par exemple « lorsqu’un commercial présente un nouvel outil, dans une démarche de prudence, pour garantir un principe de précaution avant de changer des éléments de notre pratique professionnelle ».
Ce premier jalon ouvre la voie à une réflexion plus large sur l’intégration de l’IA dans la profession. « Nous avons encore du retard en France, mais l’Europe bénéficie d’un cadre avant-gardiste qui peut favoriser un usage centré sur la confiance », estime un des auteurs.
Le guide est disponible sur le site de l’ADF et pourra évoluer en fonction des retours des praticiens et des avancées scientifiques.
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