Le milieu buccal : un écosystème

  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°5 - 9 février 2022
Information dentaire
Lors du dernier congrès de l’ADF, Bernard Pellat, Martine Bonnaure-Mallet et Jacques-Olivier Pers présentaient l’ouvrage qu’ils ont dirigé aux éditions Information Dentaire : Le milieu buccal : un écosystème – De l’équilibre au déséquilibre. Ils nous en disent un peu plus sur ce milieu buccal, allié, partenaire, et parfois adversaire du chirurgien-dentiste.

En premier lieu, pourquoi proposer un ouvrage sur le milieu buccal ?
Bernard Pellat : Le milieu buccal est de mieux en mieux connu, et il constitue l’environnement dans lequel tous les praticiens exercent.
Martine Bonnaure-Mallet : Le milieu buccal est un milieu passionnant qui allie des disciplines modernes comme l’écologie, l’environnement, la chimie, la biochimie, la réponse de l’hôte, la virologie. Il est comparable à de nombreux autres écosystèmes.
Jacques-Olivier Pers : Car, en qualité de spécialiste en Médecine bucco-dentaire, le milieu buccal est mon terrain de jeu, mais aussi mon allié, mon partenaire ou mon adversaire. Il faut donc le connaître, le comprendre afin de pouvoir le moduler.

À qui s’adresse votre ouvrage ? En effet, le sujet de cet écosystème n’est-il pas éloigné des préoccupations de l’omnipraticien ?
BP : Praticiens et étudiants sont directement concernés par cette problématique. En effet, la science médicale aborde les questions de pathologie, de physiologie, de physiopathologie sous un regard nouveau, beaucoup plus transversal que naguère.
MB-M : L’ouvrage s’adresse à tous les curieux et curieuses qui souhaitent comprendre la cavité buccale comme carrefour digestif, carrefour social et qui permet de nombreuses fonctions : déglutition, mastication, phonation, respiration…
J-OP : L’ouvrage s’adresse en effet à tous. L’étudiant soucieux de maîtriser cet écosystème pourra le lire de la première à la dernière page car nous l’avons voulu exhaustif. L’omnipraticien pourra s’attarder sur les nombreuses vignettes permettant d’expliquer le pourquoi et le comment d’une question clinique.

Pouvez-vous nous donner un exemple concret de l’intérêt d’une meilleure connaissance du milieu buccal ?
BP : Les données scientifiques les plus récentes nous apprennent que réduire la carie dentaire à la présence de quelques germes très spécifiques n’a aujourd’hui plus de sens. Toutes les pertes de substance dentaires résultent d’un déséquilibre de l’écosystème buccal. Cette approche offre au praticien de nouveaux leviers pour prévenir et traiter ces pathologies, et lui impose d’apprécier toutes les composantes du milieu buccal.
MB-M : Mieux connaître le milieu buccal, c’est le respecter : son équilibre est fragile ; le connaître, c’est aussi mieux le traiter et mieux le guérir.
J-OP : Les nouvelles thérapeutiques de médecine de précision ou thérapies ciblées vont se développer de manière exponentielle et vont certainement révolutionner certaines de nos prises en charge. Comprendre leurs mécanismes d’action est indispensable !

En quoi sa lecture peut-elle éclairer la pratique médicale ?
BP : Il ressort de ce regard pluridisciplinaire que les pathologies de la sphère oro-faciale s’inscrivent dans des processus largement partagés avec d’autres spécialités médicales. Les échanges avec les confrères d’autres spécialités s’en trouvent largement facilités.
Notre obsession, en rédigeant cet ouvrage, fut de contextualiser les notions biologiques. Montrer comment un processus biologique permet de comprendre ce à quoi le praticien est confronté dans sa pratique.
MB-M : Une bouche saine est le reflet de la santé, du bien-être. Les caries, les maladies parodontales, ont des répercussions sur la santé générale ; il devient urgent que la cavité buccale soit considérée comme une discipline médicale à part entière. Nous avons fait un maximum pour que l’ouvrage renseigne la pratique médicale quelle que soit la spécialité.

Que souhaitez-vous que les praticiens retiennent de cette lecture ?
BP : Qu’il n’y a pas d’un côté la clinique et de l’autre la biologie. La biologie est universelle et s’efforce d’expliquer pourquoi et comment une pathologie s’installe, comment on peut en atténuer les conséquences.
MB-M : Les praticiens retiendront que nous soignons des hommes qui ont des dents et non pas des dents des hommes ou qu’il y a de nombreux acteurs dans la cavité buccale et que ce sont les plus petits qui dominent.
J-OP : Qu’ils se rendent compte que l’écosystème buccal est fantastique mais fragile et que maintenir son équilibre est indispensable à notre santé générale.

La genèse de l’ouvrage

Cet ouvrage est né d’un échange informel entre une micro­biologiste (Martine Bonnaure-Mallet), un immunologiste (Jacques-Olivier Pers) et un biochimiste (Bernard Pellat) qui a clairement révélé qu’aucun d’entre eux, seul, ne pouvait apporter de réponses solidement étayées à des problématiques d’étiologie, de diagnostic, de traitement, de prévention, de choix de plans de traitement. Face à ce constat, tous trois ont allié leurs compétences pour livrer un travail qui constitue donc une démarche ambitieuse à l’interface entre la biologie et la clinique, confortant la dimension médicale de la pratique bucco-dentaire.

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