Rédaction des comptes rendus, courriers… les assistants médicaux fondés sur l’intelligence artificielle peuvent très sensiblement alléger la charge administrative des soignants et améliorer leur qualité de vie au travail. C’est ce que montre une vaste étude publiée le 10 décembre.
Celle-ci repose sur l’analyse de 375 000 notes cliniques générées entre avril 2024 et octobre 2025, par 1 295 praticiens exerçant en soins primaires, secondaires et hospitaliers, au sein du réseau suédois de Capio Ramsay Santé.
Les trois professions les plus représentées étaient celles de médecin généraliste (65,9 %), de physiothérapeute (6,1 %) et de chirurgien orthopédiste (5,1 %). Les 22,9 % restants représentaient une grande variété de professions, dont des chirurgiens-dentistes, infirmières ou optométristes. Les participants inclus dans l’analyse étaient des utilisateurs « pleinement intégrés » : au moins trois mois d’utilisation, plus de 100 notes générées et un recours effectif aux fonctions d’édition conversationnelle.
Premier enseignement : le temps consacré à la documentation diminue nettement avec l’utilisation du scribe IA (ici Tandem Health). En moyenne, le temps estimé par note passe de 6,69 minutes à 4,72 minutes, soit une réduction de 29 %. Le temps médian d’édition d’une note s’établit à 93 secondes et ne diminue pas avec l’usage prolongé, signe d’une appropriation rapide mais aussi d’un niveau de contrôle de l’outil IA maintenu par les praticiens.
Moins de stress, plus de présence clinique
Au-delà du temps gagné, l’étude met en évidence un effet marqué sur le vécu professionnel. Sur une échelle de Likert à cinq niveaux (échelle d’attitude), la capacité à travailler sans stress lié aux tâches administratives progresse de 2,41 à 3,14. La perception de la présence auprès du patient augmente également, de 3,73 à 4,33. Deux indicateurs directement associés aux enjeux de qualité de soins et de prévention de l’épuisement professionnel.
L’acceptabilité de l’outil apparaît élevée. Plus de 90 % des praticiens interrogés souhaitent continuer à utiliser le scribe IA, et 84 % se déclarent prêts à le recommander à des confrères.
Les auteurs concluent que les scribes médicaux fondés sur l’IA peuvent réduire de manière tangible la charge documentaire et la charge cognitive associée, tout en libérant du temps et de l’attention pour le soin direct. Dans un contexte de tensions démographiques et d’exigences accrues en matière de traçabilité, ces outils pourraient s’imposer comme un levier organisationnel majeur.
En France, l’assistant IA « Nabla », déjà utilisé par 85 000 professionnels de santé, promet 2 h de temps économisé par jour, tout comme l’Assistant de consultation lancé par Doctolib en mai dernier.
Commentaires