Lassé par le business, Jérôme décide un jour de prendre un virage à 180 degrés. Il va devenir infirmier. Lors de la visite annuelle chez son dentiste, il fait part de son envie d’évasion… et repart avec un emploi ! Une journée d’essai plus tard, il est conquis. Ce qui le motive : « rassurer, essayer de faire disparaître la peur ». Le besoin de douceur concerne aussi l’équipe, stressée par les urgences et parfois contaminée par le stress du patient. « Quand on entend “Bonjour, je déteste venir ici” plusieurs fois par jour, on a besoin de faire tomber la pression », reconnaît Jérôme. Un objectif partagé par son praticien, qui encourage une approche du métier très humaine et naturelle. C’est ainsi que tous deux se sont lancés dans une formation à l’hypnose.
« Vos paupières sont lourdes, très lourdes… »
« Nous ne sommes pas des Messmer », rit Jérôme. D’ailleurs, il faut savoir que seulement 3 % de la population est sensible à l’hypnose de spectacle. La clé ici est de détourner l’attention du patient. Son cerveau se focalise sur des pensées qui lui font oublier l’acte médical. Comment ? Sur un ton de voix bas et apaisé, Jérôme l’invite à se remémorer un souvenir heureux, et à en revivre les détails, en le guidant par la parole. S’il s’agit d’une journée de vacances à la plage, l’assistant suggère : « Peut-être sentez-vous la chaleur du soleil sur la peau, le doux bruit des vagues. Vous êtes étendu sur le sable, une petite brise vient vous rafraîchir. Tout va bien, vous êtes détendu. » On ancre chez le patient un lieu de sécurité, qu’il pourra réinvestir dès qu’il en aura besoin.
L’hypnose n’endort pas, elle plonge dans un état de conscience modifié. « Lorsqu’on est absorbé par une lecture au point de manquer la station de métro où on doit s’arrêter, on est hypnotisé », explique Jérôme. « Nous ne mettons pas le patient en état d’hypnose, c’est lui qui accepte de se détendre et de se concentrer sur les pensées que nous lui proposons. » Dans 97 % des cas, le procédé fonctionne dès la première fois. Un vrai bonheur pour le praticien qui peut réaliser le soin en toute sérénité. Un soulagement pour le patient débarrassé de sa peur du dentiste. Jérôme sourit : « On évite la prescription d’anxiolytiques ».
Ne jamais dire non
Savez-vous que le cerveau ne retient pas la négation ? Certains termes sont donc à bannir pour garantir la relaxation. « Ne vous inquiétez pas » est remplacé par « Soyez rassuré », « Ca ne fait pas mal » devient « Tout va bien se passer ».
Avec les enfants, on pratique l’hypnose conversationnelle. Jérôme invente des histoires sans queue ni tête et dialogue avec le petit patient qui, désorienté, se concentre sur le récit pour essayer de comprendre. Son esprit oublie le soin, le tour est joué ! Quand l’enfant apporte un jouet, créer une histoire est encore plus simple.
Autre tour de magie : le choix illusoire, qui fonctionne même avec les adultes. « On soigne d’abord la petite carie ou la grosse ? On fait le côté gauche ou le droit ? » Rassurante illusion de maîtrise du soin… Encouragés par les résultats obtenus grâce à l’hypnose, Jérôme et son praticien se sont formés à la relaxologie. La technique est basée sur la respiration, la détente musculaire et la méditation. « Elle nous permet aussi de gérer notre propre stress », souligne Jérôme.
Les bienfaits de l’aromathérapie
La soif de connaissance de notre assistant ne s’arrête pas là. Il est aujourd’hui en cours de certification en aromathérapie. Les huiles essentielles peuvent s’avérer efficaces dans le maintien de l’hygiène orale, dans le cadre de traitements parodontaux par exemple. Une synergie : en mélangeant de l’huile de coco (100 ml), d’arbre à thé (100 gouttes), de menthe poivrée (50 gouttes), de girofle (50 gouttes) et d’écorce de cannelle de Ceylan (50 gouttes), on obtient un bain de bouche qui permet de gérer la prolifération des bactéries pathogènes et de restaurer la flore buccale. Attention à choisir les huiles essentielles bios aux noms latins, sans quoi elles peuvent être toxiques.
L’aromathérapie permet aussi de combattre l’anxiété. Selon Jérôme, la camomille romaine est un calmant : « On pose une goutte d’huile sur les poignets, on masse et on respire ».
Pour compléter ce bel éventail de techniques de bien-être, le praticien a offert une formation complémentaire sur la psychologie du patient. « En équipe, on a mis au point un accueil personnalisé pour chaque patient. Le soin dentaire est un mal pour un bien. Développer l’approche humaine est nécessaire. »
Élève et formateur
À force de suivre des formations, Jérôme a eu envie d’intervertir les rôles. Une rencontre avec le directeur de l’Académie d’art dentaire de Bordeaux l’a propulsé devant vingt élèves, enseignant de nombreux modules : codifications, accueil et communication, prophylaxie, prothèses, etc.
Mais comment fait-il pour gérer ses deux métiers ? « Je ne travaille pas au cabinet les vendredis. J’ai le temps de préparer mes cours pour la journée de sept heures du samedi. Ça demande énormément de travail, mais j’adore ça ! » À son regard pétillant, nous ne pouvons en douter.
Jérôme termine l’entrevue par un joli clin d’œil : « À l’accueil des patients, j’entends souvent “bonjour Docteur !” Réflexe amusant face à une profession essentiellement féminine. Mais plus pour longtemps. « Accrochez-vous, on arrive ! »
Tu sais que tu es assistant(e) dentaire quand…
Jérôme est l’un des modérateurs de cette page Facebook qui fédère déjà 6 400 membres. Sur ce groupe d’entraide, les assistant(e)s partagent joies, soucis, questions et techniques. « En dix minutes, on peut obtenir la cotation d’un bridge trois dents ou une précision juridique ». Voire proposer une sortie entre collègues de la région.
Très belle initiative qui prouve que les réseaux sociaux sont un merveilleux rempart contre l’isolement.
www.facebook.com/groups/assistantesdentaire/
Pour en faire partie, il suffit de cliquer sur « Rejoindre le groupe ».
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