Critères de choix pour les restaurations postérieures de molaires atteintes de MIH sévère

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°9 - 6 mars 2024 (page 24-29)
Information dentaire

L’hypominéralisation molaire-incisive (MIH) est un défaut qualitatif de l’émail qui affecte une ou plusieurs molaires permanentes, qui peut éventuellement toucher les incisives permanentes et, dans de rares cas, d’autres types de dents [1].

En France, près d’un enfant sur cinq est touché par cette pathologie (18,9 %) [2]. En 2021, la dernière revue systématique sur le sujet a mis en évidence une prévalence mondiale des MIH de l’ordre de 12,9 % (95 % IC 11,7-14,3) [3]. Ces anomalies de l’émail présentent différents degrés de sévérité. Des opacités de couleurs marron, plus ou moins associées à des fractures post-éruptives de l’émail, des lésions carieuses et une hypersensibilité sont visibles dans les formes sévères. à travers ce cas clinique, nous verrons quels sont les critères de choix décisionnels pour restaurer une molaire atteinte de MIH sévère et nous détaillerons les procédures thérapeutiques.

Situation clinique

Une patiente de 10 ans se présente en consultation. Aucun antécédent médical ou chirurgical n’est constaté. À l’examen clinique, nous observons une forme sévère de MIH sur 36 et 46 avec des fractures post-éruptives [1] (fig. 1a et b). En raison de cette pathologie, la patiente se plaint de sensibilités spontanées sur ces dents, ayant un impact sur sa qualité de vie, et une maîtrise difficile de l’hygiène bucco-dentaire. Les secteurs antérieurs maxillaires et mandibulaires présentent aussi des opacités délimitées entraînant une gêne esthétique conséquente pour la patiente.

Prise en charge initiale

La prise en charge initiale de cette patiente consiste à diminuer les sensibilités des molaires afin qu’elle puisse améliorer son hygiène bucco-dentaire, mais aussi à diminuer le risque carieux individuel et les fractures post-éruptives de ces dents. Ainsi, le premier temps thérapeutique comprend un enseignement à l’hygiène bucco-dentaire, la mise en place de CVI à haut relargage de fluor sur les molaires et à l’application de vernis fluoré à 22 600 ppm de fluor [4]. Pour diminuer ses sensibilités, une prescription de CPP-ACP en cure d’un mois a également été réalisée.

Réflexion thérapeutique

Au vu du jeune âge de la patiente, le premier critère à prendre en compte pour la restauration de ses dents postérieures est la coopération. Cette dernière présente un très bon niveau de coopération, ne nécessitant pas de moyens supplémentaires tels qu’une prémédication ou l’utilisation du MEOPA (mélange équimolaire d’oxygène et de protoxyde d’azote). Le deuxième critère de choix réside en la présence d’un bandeau d’émail sain juxta ou supra-gingival afin de pouvoir isoler la dent et de réaliser un protocole de collage. Sur la dent 36, l’opacité de couleur brune se prolonge jusqu’en sous-gingival ne permettant pas la réalisation d’une…

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