Résistance à l’arrachement des reconstitutions corono-radiculaires associant tenon fibré et composite inséré en phase plastique

  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
Information dentaire

Les Reconstitutions par Matériaux Insérés en Phase Plastique (RMIPP) sont devenues une thérapeutique incontournable dont les limites d’utilisation doivent encore être précisées : la rupture de l’interface avec la dentine radiculaire en constituant l’échec principal. Les auteurs tentent ici de montrer, au moyen de tests de traction uniaxiale, l’importance de la hauteur des tissus dentaires coronaires résiduels et du conditionnement de la dentine radiculaire sur la rétention de ce type de reconstitutions corono-radiculaires.

Dans cet objectif, 150 dents maxillaires antérieures, ne présentant ni restauration ni fêlure, qu’une seule racine rectiligne et qu’un seul canal, sont sélectionnées et traitées endodontiquement par le même opérateur, selon la même séquence instrumentale. Les dents dont les couronnes sont réduites en plateau à 0, 1 ou 2 mm de la jonction amélo-cémentaire, forment 3 groupes qui subiront chacun 5 conditionnements différents de la dentine radiculaire : aucun (témoin), acide orthophosphorique (37 %) (Total Etch ; Ivoclar Vivadent), EDTA (17 %) (Pulpdent), chlorhexidine (2%) (Gluco-chex 2 % gel, PPH Cerkamed) et enfin une combinaison de chlorhexidine (2 %), d’EDTA (17 %) et d’un surfactant (QMix, Dentsply Tulsa Dental). La restauration coronaire associe un composite collé (Filtek Z250, 3M et Prime & Bond 2.1, Dentsply Intl) à un tenon radiculaire en fibre de verre de 1,4 mm de diamètre et 10 mm de long (Postec Plus, Ivoclar Vivadent) scellé par un ciment composite universel auto-adhésif (RelyX Unicem, 3M). Les différents échantillons ainsi préparés sont conservés dans une étuve pendant 7 jours à 37 °C.

Les tests de traction uniaxiale (2 mm/min) montrent que deux traitements (QMix et solution d’EDTA à 17 %) apportent des valeurs de rétention nettement supérieures, quelle que soit la hauteur coronaire persistante : respectivement 375 N et 370 N, loin devant les valeurs obtenues par le conditionnement à l’acide orthophosphorique et par le groupe témoin (respectivement 335 N et 205 N). Les tests montrent parallèlement que chaque millimètre de hauteur coronaire résiduelle augmente de plus ou moins 10 % la valeur des résultats de traction obtenus. Ainsi, pour un même conditionnement de la dentine radiculaire, ici l’EDTA à 17 %, les résultats passent de 310 N à 343 N, et enfin 368 N, selon que la hauteur du cerclage résiduel est de 0, 1, ou de 2 mm.

Si cette étude témoigne d’une grande volonté des auteurs de présenter une cohorte conséquente et homogène permettant d’apporter des résultats statistiquement significatifs, on peut cependant regretter l’absence d’analyse microscopique du profil de rupture permettant d’expliquer les différents résultats obtenus. On peut également s’interroger sur le choix d’un ciment composite auto-adhésif pour sceller le tenon fibré, ciment qui, par définition, ne nécessite aucun traitement préalable des substrats dentaires !

Ce qu’il faut retenir :

– un cerclage périphérique cervical (« ferrule effect ») d’au moins 1 mm, et plutôt de 2 mm, améliore considérablement la résistance à la traction des restaurations corono-radiculaires collées ;

– le conditionnement de la dentine radiculaire reste toujours difficile à maîtriser, sa surface étant facilement contaminée par des débris de ciment ou de gutta ;

– pour l’anecdote, tous les conditionnements préalables de la dentine radiculaire ont amélioré l’efficacité du ciment auto-adhésif utilisé !

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