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Information dentaire

Parodontologie Implantologie Orale, un nouveau regard n°1 - 15 mars 2023

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Edito

“Plus l’heure avancera, plus je me sentirai heureux. À quatre heures, déjà, je m’agiterai et m’inquiéterai ; je découvrirai le prix du bonheur ! Mais si tu viens n’importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m’habiller le cœur… Il faut des rites. – Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.” Tel le renard, nous savourons notre plaisir, nous...
“Plus l’heure avancera, plus je me sentirai heureux. À quatre heures, déjà, je m’agiterai et m’inquiéterai ; je découvrirai le prix du bonheur ! Mais si tu viens n’importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m’habiller le cœur… Il faut des rites.

– Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.”

Tel le renard, nous savourons notre plaisir, nous avons anticipé le bonheur de nous retrouver… Quoi de plus vif que l’émotion réenchantée d’une nouvelle année, de nouvelles rencontres, de nouvelles découvertes professionnelles ? Nous sommes au rendez-vous avec ce numéro de PIO, dont la publication rythme désormais les saisons. Vous y retrouverez vos rubriques préférées et aussi de belles surprises ! Nous avons demandé au Président de l’EFP, le Pr Andreas Stavropoulos, de nous livrer quelques mots sur sa vision de la parodontologie européenne à l’heure où l’espoir de former des internes des hôpitaux en parodontologie s’est une nouvelle fois éteint en France ; l’Europe y croit, elle, à « une reconnaissance paneuropéenne de la parodontologie comme spécialité dentaire, dans l’intérêt des patients ». L’intérêt des patients, c’est bien ce que défend la Présidente de la SFPIO, le Dr Caroline Fouque, qui nous rassure sur nos liens confraternels. Mais revenons un instant sur cette histoire de spécialité en donnant la parole à l’intelligence artificielle, puisque l’intelligence naturelle semble échouer à résoudre cette épineuse question… Qu’en pense ChatGPT ? Ô miroir, mon beau miroir, dis-moi « si la parodontologie est une spécialité odontologique ». Réponse : les parodontistes sont des dentistes qui ont suivi une formation complémentaire dans ce domaine.

Alors continuons de nous former en lisant PIO régulièrement. Nos rendez-vous en parodontologie et en implantologie sont riches. Le Dr Guillaume Gardon-Mollard nous offre un article de revue sur l’utilisation de l’hypochlorite de sodium comme alternative à la chlorhexidine dans les traitements parodontaux. Et pour bien préparer le congrès événement de ce début d’année, le Perio Master Clinic dédié à la synergie ortho-paro et présidé par le Pr Virginie Monnet-Corti, le Dr Jean-Marc Glise et son équipe partagent avec nous un cas clinique de haute facture sur la gestion d’une lésion intra-osseuse en secteur antérieur. En implantologie, l’équipe du Dr Marwan Daas nous éclaire sur le choix d’une réhabilitation par bridge cantilever sur implant pour les édentements binaires incisive latérale et incisive centrale. Nous avons également sélectionné pour vous une mise au point du Dr Mia Rakic sur l’estimation de l’impact des particules de titane dans l’immuno-pathologie des péri-implantites. Le Pr Martine Bonnaure-Mallet et le Dr Shao Bing Fong nous apprennent tout sur un habitant du parodonte qui profite de nos faiblesses… immunitaires, Candida albicans. L’image commentée de ce numéro est tout sauf banale et nous rappelle notre rôle essentiel dans le dépistage des cancers de la cavité buccale. Enfin, nous vous avions promis des surprises… Nous vous proposons en effet de vous plonger dans une série inédite en quatre épisodes à suivre tout au long de l’année 2023, derrière l’objectif du Dr Thierry Degorce pour décortiquer un cas clinique extrême d’implantologie en secteur esthétique.

Bonne lecture !

Voir plus

Au sommaire…

Éditorial
par Virginie Monnet-Corti et Hélène Rangé

Avant-propos I Lire ci-dessous
par Caroline Fouque

Aparté I Lire ci-dessous
Ensemble, nous sommes plus forts
par Andreas Stavropoulos

Tribune I Lire ci-dessous
Quand l’urgence prend le pas sur l’anticipation
par Michel Bartala

Presse internationale

Rencontre avec Karin Jepsen
par Orianne Gondel

Cas clinique Parodontologie

Synergie ortho-parodontale dans le traitement d’une lésion infra-osseuse associée à une migration dentaire secondaire. Rapport d’un cas clinique à 2 ans
par Jean-Marc Glise, Jean-Philippe Ré, Romain Ohanessian

Cas clinique Implantologie

Bridge cantilever sur implant unitaire, une alternative au remplacement de l’incisive latérale : raisons et mise en œuvre clinique
par Paul Edouard Cristofari, Rony Cohen-Hadria, Benjamin Attuil, Marwan Daas

Images commentées

Un dentiste peut sauver une vie : un cas de carcinome épidermoïde
par Claire Lutz et Anne-Laure Ejeil

Regard sur les habitants du parodonte

Candida albicans
par Shao Bing Fong, Martine Bonnaure-Mallet

Derrière l’objectif

Qu’en pensez-vous ? Comment faire ? #1
par Thierry Degorce

Mise au point parodontologie

Utilisation de l’hypochlorite de sodium comme alternative à la chlorhexidine dans les traitements parodontaux
par Guillaume Gardon-Mollard

Mise au point implantologie

Estimation de l’impact des particules de titane dans l’immuno-pathologie des péri-implantites : une étude cas-témoin
par Mia Rakic

ZOOM

Le concept de One Health
par Gilles Pialoux


Avant-propos

« Tu es de ma famille »

Caroline Fouque
Présidente de la SFPIO

PIO comme « PIO X », glacier chilien majestueux qui est le seul au monde à grandir ! Tout un programme !
Bonne année donc à PIO et à vous tous, mes cher(e)s consœur et confrères !
Nous vous souhaitons la santé, la santé, la santé. Pour le reste, de l’inspiration, des vents favorables, des âmes bienveillantes au sein de vos familles, celles de sang et celles que vous avez choisies dans votre vie professionnelle.

« …Tu es de ma famille
De mon ordre et de mon rang
Celle que j’ai choisie
Celle que je ressens
Dans cette armée de simples gens. »
Que celui ou celle qui ne vient pas de fredonner les paroles de la chanson de Jean-Jacques Goldman lève le doigt !
« Tu es de ma famille », c’est la première chose qui me vient à l’esprit lorsque je pense à PIO.

PIO n’est pas l’émanation de la SFPIO, mais nous nous sommes choisis pour former une même famille. Cette famille professionnelle avec laquelle nous passons tant de temps, souvent bien au-delà de l’âge légal de la retraite…

Cette famille qui regroupe ceux qui partagent les mêmes valeurs, qui s’estiment, se soutiennent et grandissent ensemble main dans la main.

Cette famille qui vise un même but, celui de la transmission de la connaissance, PIO en version papier, la SFPIO à travers les formations continues en parodontologie, en implantologie, pour les assistantes dentaires et le congrès national bien entendu ! Quelle que soit la formule, nous avons à cœur d’apporter des informations scientifiques claires, pratiques qui enrichissent notre culture scientifique et facilitent notre exercice quotidien.

Je me réjouis de cette union que nous allons choyer, vous pouvez nous faire confiance !
Parodontalement vôtre.


Aparté

Ensemble, nous sommes plus forts

Andreas Stavropoulos
Président de l’european federation of periodontology (EFP)

Chères et chers collègues,
À l’aube de 2022, beaucoup d’entre nous étaient optimistes et pensaient que l’Europe sortirait rapidement de la crise de la pandémie de Covid-19. Nous étions toutefois peu nombreux à nous attendre à ce que l’Europe soit confrontée à un autre type de défi majeur quelques semaines plus tard, avec le conflit armé en Ukraine. Bien que l’European Federation of Periodontology (EFP) se situe au-delà de la politique, en tant qu’organisation académique européenne dans le domaine de la santé et de la médecine, il était tout naturel pour nous de réagir à cette crise et d’organiser une campagne de dons pour soutenir nos concitoyens européens dans le besoin. Nous nous sommes associés à la Fondation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour ce projet et nous espérons que nos membres adhéreront à cette initiative et qu’ensemble, ils pourront faire la différence.

Alors que nous espérions tous un meilleur début d’année, l’optimisme est de mise en ce qui concerne la parodontologie. L’EFP est sur le point de terminer son guide de pratique clinique pour le traitement des parodontites avec la partie relative au traitement des parodontites de stade IV, après celle déjà publiée sur les stades I-III. Et nous travaillons maintenant sur le guide pour le traitement de la péri-implantite. Il s’agissait d’un projet de grande envergure, qui n’a été possible que grâce au travail conjoint et acharné d’un groupe d’experts de toute l’Europe, et même au-delà. Nous sommes convaincus que ces guides de pratique clinique de niveau S3 auront un impact positif sur la santé des patients du monde entier.

Au fil des ans, des voix se sont élevées au sein de l’EFP au sujet de l’implication disproportionnée de certaines sociétés nationales membres. Il existe, bien entendu, de bons arguments de chaque côté – c’est une question de point de vue. Je viens du sud de l’Europe, j’ai vécu près de la moitié de ma vie dans le nord de l’Europe et j’ai collaboré sur diverses plateformes avec des collègues de l’ouest et de l’est de l’Europe. J’ose donc dire que je sais très bien que ce que nous avons en commun est bien plus grand que ce qui nous sépare.

Travaillons ensemble sur nos intérêts communs, sur la base de nos antécédents communs, de nos similitudes et de nos besoins largement similaires, que nous soyons petits ou grands. Ne laissons pas les différences mineures et les intérêts particuliers nous diviser, restons unis et continuons à travailler ensemble pour la reconnaissance paneuropéenne de la parodontologie comme spécialité dentaire, dans l’intérêt des patients.
Tout le monde veut, avant tout, être en bonne santé. Unissons nos forces pour améliorer les conditions de santé en Europe, et au-delà. Ensemble, nous sommes plus forts, et nous pouvons faire beaucoup plus.


Quand l’urgence prend le pas sur l’anticipation

Michel Bartala
MCU-PH, Université de Bordeaux
Praticien libéral, Bordeaux
Rédacteur en chef de L’Information Dentaire

Si j’avais su. » Combien de fois avons-nous entendu cette phrase prononcée par des patients devant une situation qui aurait pu être évitée ? Il est tant de domaines où la prévention est primordiale pour éviter les problèmes… et en écrivant ces lignes pour un journal de parodontologie, je sais que je m’adresse à des « connaisseurs » de la prévention et de la maintenance ! Ces deux termes semblent parfois être absents du langage politique, en tout cas lorsqu’il y est question du domaine médical en général.
Selon une citation attribuée à Mohamed Fillali, « l’intelligence est la capacité à résoudre les problèmes, la sagesse est la faculté d’éviter d’en avoir ». Dans la gestion de la démographie des professionnels de santé, le manque de sagesse est évident. En effet, durant toutes ces années, des milliers de jeunes étudiants ont été recalés au concours de la première année des études médicales, poussant certains à aller se former dans d’autres pays. Autant de médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes et sages-femmes qui combleraient aujourd’hui les déficits créés. Alors la sagesse oubliée, l’intelligence s’est mise en action. Mais dans l’urgence, l’action n’est utile que quand elle est réfléchie, concertée. L’annonce précipitée de décembre 2021 de la création de nouveaux départements d’enseignement de chirurgie dentaire pour septembre 2022 a généré des décisions non construites. Ainsi, dans certains nouveaux départements déontologie, deux moteurs essentiels de l’enseignement font défaut : les enseignants et les locaux. Des cours sont demandés à d’autres universités, des ersatz de TP sont créés dans des salles de lycée… Alors, espérons qu’il n’y aura pas de paupérisation de l’enseignement dans ces nouveaux départements déontologie malgré l’engagement total, je n’en doute pas, des enseignants recrutés.

Oui, les politiques de tout bord ont failli dans l’anticipation du vieillissement – pourtant annoncé – de la population et la nécessité de disposer des personnels soignants nécessaires. Oui, les politiques continuent parfois d’ignorer les professionnels qui sont au cœur des métiers pour écouter quelques conseillers souvent déconnectés de la réalité. Cela a donné la création de la première année des études de santé « nouvelle version ». Tellement performante qu’au dernier examen (on ne doit plus parler de concours, même si le nombre de places est limité… apprécions la sémantique) près de 1 000 places en deuxième année de pharmacie n’ont pas été pourvues*. Quand je pense que de mon temps, certes lointain, il y avait des listes d’attente.

En cette nouvelle année, rêvons donc que les décideurs posent les réflexions avant l’action, pour que l’expression « si j’avais su » devienne « nous avons pu » !