Stratégie Prothétique n°1 - 15 février 2024

Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait…

Chers lecteurs,

Allez, nous y voilà ! En ce début d’année, le constat est sans appel : le numérique a gagné. Non pas qu’il y ait un perdant, car cette évolution n’est que la continuité du développement d’Internet à la fin du siècle dernier et des smartphones au début de l’actuel, dont même les plus âgés de nos patients ne peuvent désormais plus se passer… Et pour nos professions de soignants, d’artisans de « l’art dentaire », de praticiens et de prothésistes, la perception sera celle du petit caillou dans la chaussure ou de l’aiguillon qui stimule : nos pratiques sont sommées d’évoluer, et nos routines amenées à changer.

Aussi sûrement qu’irrémédiablement, la dentisterie numérique deviendra un pléonasme, à l’instar des adresses postales qui sont devenues des adresses mail. La jeune génération y baigne déjà, les plus anciens prennent le train en marche avec plus ou moins de réticence, car cela implique de bousculer des rituels et des automatismes rodés par des années de pratique. Au-delà de l’empreinte optique, premier stade somme toute assez abordable, c’est la gymnastique des « matching » et du « work-flow », la familiarisation avec les techniques d’usinage et d’impression, la connaissance des matériaux qui y sont dédiés, qui constituent le défi cognitif inopiné pour les praticiens et les prothésistes formés naguère.

Alors allons-y, mais attention ! Il ne s’agit pas de vous présenter un numéro consacré au numérique, mais plutôt de souligner l’infusion progressive de l’apport digital à tous les niveaux de notre pratique.

Cette nouvelle édition de SP nous en offre l’illustration, avec un sommaire aussi éclectique qu’excitant, où la contribution numérique s’immisce dès les phases du traitement pré-prothétique, qu’il s’agisse de contribuer à la détermination d’un axe d’insertion pour prothèse amovible (Bruno Picart et coll.), de conduire une analyse diagnostique avant une intervention chirurgicale (Louis Huault et coll.) ou de programmer un articulateur (Pierre-Hubert Dupas). Au stade des empreintes, Yohann Flottes et coll. exposent les problématiques de scannage des arcades complètement édentées, tandis que Jérémie Perrin et Antoine Prouheze présentent un ingénieux système de piliers implantaires compatible avec une gestion en full numérique. Au stade de la réalisation prothétique, Tom Kerleaux et coll. nous familiarisent avec les techniques d’usinage des châssis de prothèse amovible et à l’essor programmé des alliages de titane, qui devraient progressivement se substituer aux alliages cobalt-chrome. Enfin, un article consacré aux restaurations adhésives partielles, stratifiées ou usinées, nous donnera quelques clés pour le choix de préparations respectueuses des tissus dentaires (Anne Longuet).

Bonne lecture à tous.

Jean-Marie Cheylan,, Rédacteur en chef adjoint