Pratiquer le yoga permet de modifier sa perception de la douleur

  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
Information dentaire

Vouloir résumer la douleur à une simple composante sensorielle est une grave erreur. Nous savons aujourd’hui que de nombreux autres facteurs entrent en jeu (comportementaux, cognitifs, émotionnels), qui peuvent moduler le ressenti de manière péjorative ou, au contraire, participer au soulagement. Cela explique que la douleur est une expérience intrinsèquement subjective qui est influencée par des facteurs environnementaux. De nombreux chercheurs essayent d’objectiver le subjectif. Ce qui serait particulièrement important pour les populations « non verbales » (nourrissons, patients anesthésiés ou atteints de démence). Parmi ces marqueurs objectifs, les réactions du système nerveux autonome (fréquence cardiaque, conductance cutanée (mesure pure de l’activité sympathique, sans contamination par le système nerveux parasympathique)) pourraient être intéressantes. Les pratiquants du yoga (les yogis) utilisent la respiration, la relaxation et la pleine conscience pour tolérer la douleur, ce qui pourrait influencer les réponses autonomes. L’objet de cette étude est d’évaluer comment le lien entre les réponses autonomes et la douleur est modulé par d’autres facteurs, notamment cognitifs et/ou émotionnels.
 
Pour ce faire, 19 yogis (6 ans d’expérience) ont été comparés à 15 personnes contrôles concernant des sensations chaudes non douloureuses et douloureuses (application avec une sonde de 1 cm sur le mollet). Les aspects cognitifs et émotionnels étaient créés expérimentalement grâce à des indicateurs visuels qui précisaient aux sujets que le stimulus serait certainement douloureux, certainement non douloureux ou incertain (peut-être douloureux ou peut-être pas). La fréquence cardiaque, la conductance cutanée, la respiration et la pression artérielle ont été mesurées.
 
Au cours de la tâche, les évaluations perceptuelles ne différaient pas entre les groupes dans les conditions certaines ou incertaines. Néanmoins, les yogis présentaient des réponses de conductance cutanée phasique plus élevées, particulièrement lors de chaleurs douloureuses dans des contextes incertains. En outre, les « contrôles » ont montré une diminution de la fréquence cardiaque lors d’un stimulus chaud par rapport à un stimulus douloureux et une modification de la respiration entre essai chaud et douloureux.
Au final, cette étude montre que l’activité du système nerveux autonome n’est pas un moyen efficace d’objectiver la subjectivité de la douleur puisqu’il peut être modulé par des facteurs environnementaux, physiques et psychologiques tout au long de la vie d’un individu. La pratique du yoga ne modifie pas la perception de la douleur ; cependant, les yogis présentent une plus grande tolérance qui pourrait être expliquée par une influence corticale du système nerveux autonome chez ces pratiquants.

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