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Information dentaire

L'Information Dentaire n°22 - 31 mai 2023

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Edito

Incitations « Vas-y, toi, pose-lui la question. »Cette phrase, nous l’avons certainement tous entendue, adressée à une personne paraissant être la plus à même de s’exposer. Ce volontaire désigné, emporté par son courage, son goût du sacrifice ou son ego, s’élançait alors, tel le chevalier Bayard, pour satisfaire la demande. Si sa témérité était couronnée de succès, tout le monde se réjouissait ; en cas de défaite, tout le monde s’enfuyait,...

Incitations

« Vas-y, toi, pose-lui la question. »
Cette phrase, nous l’avons certainement tous entendue, adressée à une personne paraissant être la plus à même de s’exposer. Ce volontaire désigné, emporté par son courage, son goût du sacrifice ou son ego, s’élançait alors, tel le chevalier Bayard, pour satisfaire la demande. Si sa témérité était couronnée de succès, tout le monde se réjouissait ; en cas de défaite, tout le monde s’enfuyait, laissant l’effronté bien esseulé…

Je vous concède que la scène est un peu caricaturale, mais pas si éloignée de la réalité, comme le montre également cette phrase, attribuée à Marcel Achard, que j’aime citer pour caractériser l’incitation à l’action : « Rien n’est impossible à l’homme qui n’a pas à le faire lui-même. » Mais l’incitation, heureusement, peut avoir des effets bénéfiques. Ainsi, une incitation à évoluer a été initiée par François Duret, visionnaire de la fin du siècle précédent de la chirurgie dentaire de demain ; pardon, d’aujourd’hui. Beaucoup ont regardé des pionniers se lancer dans l’expérience du flux numérique et essuyer les plâtres d’une technique qui devait les faire disparaître des laboratoires de prothèse. De longues décennies pour voir l’empreinte optique remplacer, pour la grande majorité des situations cliniques, les matériaux conventionnels qui rebutaient tant de patients. L’incitation est positive quand elle stimule l’utilisation d’une technique avérée qui ne cesse de progresser. Comme cette incitation à déléguer des actes, depuis si longtemps par beaucoup espérée, et par le législateur enfin validée. Même si du chemin reste à parcourir avant de voir nos assistant(e)s déjà très impliqué(e)s, pleinement participer à la santé bucco-dentaire de nos patient(e)s…

Mais que penser de cette « incitation » par la convention et le RAC zéro, à continuer d’utiliser des métaux non précieux contenant du cobalt ? Même si, le 7 mars 2023, le Conseil de l’Union Européenne a prolongé le délai pour l’utilisation d’alliage contenant du cobalt jusqu’au 31 décembre 2028, on ne peut négliger le fait que les fabricants d’un dispositif médical (DM) qui contient du cobalt doivent, depuis le 1er octobre 2021*, justifier de l’utilisation de ce dernier, en expliquant notamment pour quelle raison un autre matériau ne peut le remplacer**. L’évolution actuelle de la technique CFAO et du flux numérique, comme vous pourrez le lire dans ce numéro, permet la réalisation de prothèses fixées à base de zircone qui peut, dans un grand nombre de cas, remplacer avantageusement les alliages contenant du cobalt. Alors je vous incite fortement à informer vos patients. Et lors des négociations conventionnelles, pour faire entendre aux gouvernants qu’il faut arrêter de nous inciter à utiliser des produits déconseillés et bientôt interdits, nous avons envie de dire à nos représentants de la profession : « Vas-y, toi, pose-lui la question ! »

Michel Bartala, Rédacteur en chef

* En application du règlement européen 2017/745 relatif aux dispositifs médicaux (DM).

** https://ansm.sante.fr/actualites/evolution-reglementaire-impactant-les-dispositifs-medicaux-qui-contiennent-du-cobalt ; https://adf.asso.fr/tooth/combat-cobalt/1-le-cobalt-un-vrai-casse-tete#:~:text=Le%20d%C3%A9lai%20pour%20l'utilisation,initialement%20au%2026%20mai%202025.

Voir plus

Éditorial

Incitations I Lire ci-dessus
Michel Bartala

Avant-propos

Pour des traitement plus prédictibles et personnalisés I Lire ci-dessous
Karim Nasr

Actualités

Techniques d’empreinte surfacique et précision d’ajustage en prothèse fixée
Pascal De March

Presse médicale spécialisée
Philippe Léonard

Actualité hebdo
Nicolas Fontenelle

Formation Spécial Flux numérique

Coordination Karim NASR

Réhabilitations complexes implanto-portées et flux numérique
Olivier Chabreron

Apport du numérique dans le suivi du patient dans le temps – Application aux cas d’usure dentaire
Karim NasrLaurianne BasMarie-Anne My

Le jumeau numérique : portail vers la personnalisation prothétique augmentée
Nicolas PitonChristophe Sireix

Exercice professionnel

Écoresponsabilité

Repérer les produits chimiques dangereux au cabinet
Alice Baras

Fiscalité

Obligations fiscales et sociales juin 2023
Bernard Fabrega

Évasion

Art

À table, citoyens ! De la cour à la ville, tout un art de vivre
Thierry Leroux


AVANT-PROPOS

Pour des traitement plus prédictibles et personnalisés

Soyons francs : faire du numérique pour faire du numérique ou pour faire « moderne » n’a aucun intérêt.
Si de prime abord le passage à un flux de travail numérique (souvent réduit à la seule prise d’empreintes optiques) vise à se substituer aux techniques traditionnelles, la transformation qui s’opère dans notre profession est plus grande. L’écosystème numérique (matériel et logiciel) des cabinets dentaires et des laboratoires a été bouleversé ces dernières années, permettant d’ouvrir le champ des possibles à des stratégies de prise en charge améliorées ou inédites, dont les meilleures restent sûrement à imaginer.

L’amélioration des pratiques qui en découle profite aux prises en charges thérapeutiques, mais ouvre également de nouvelles perspectives au niveau du suivi de nos patients et de la prévention.

L’objectif affiché de la transition numérique est de proposer des thérapeutiques plus prédictibles et plus personnalisées.

Cela se retrouve en implantologie avec des protocoles de plus en plus sophistiqués de chirurgie guidée, notamment dans les cadres de réhabilitations complètes (voir l’article Réhabilitations complètes implanto-portées et flux numérique).

L’intelligence artificielle est également de plus en plus sollicitée dans la création de prothèses les plus individualisées possibles à partir de données issues de scanners intra-oraux (voir l’article Le jumeau numérique : portail vers la personnalisation prothétique augmentée).

La CFAO au fauteuil (chairside) a longtemps représenté LA dentisterie numérique. L’amélioration des systèmes (simplification, rapidité, variété des matériaux…) en fait toujours une alternative de choix pour certaines indications. Cependant, elle peine à sortir de l’ornière de l’image d’une technologie de niche. Il est donc légitime de se (re)poser la question de son intérêt (voir l’article Quelle place pour la CFAO directe en 2023 ?).

À moins que le futur ne passe déjà par l’impression 3D. L’occasion de faire un panorama sur ce qu’il est déjà possible de produire par impression 3D en attendant la révolution promise de l’impression de céramique (voir l’article L’impression 3D dans le quotidien du chirurgien-dentiste et du laboratoire de prothèse).
Les scanners intra-oraux sont aujourd’hui tellement performants qu’ils permettent en un temps court de numériser la situation clinique de la denture de nos patients… de la conserver… et dorénavant, grâce à des outils très simples, de la comparer et de suivre son évolution dans le temps. De là à l’intégrer dans le suivi des patients à risques, il n’y a qu’un pas que nous vous proposons de franchir (voir l’article Apport du numérique dans le suivi du patient dans le temps. Application aux cas d’usure dentaire).

Bref, l’occasion à la lecture de ce numéro d’entrevoir que ce que nous qualifions encore aujourd’hui de « flux numériques » est amené à s’intégrer simplement dans les pratiques d’une dentisterie contemporaine.

Merci aux auteurs pour leur précieuse contribution et très bonne lecture.

Karim Nasr
MCU-PH, Université Toulouse III-Paul Sabatier
Exercice libéral, Toulouse