Un ancien esclave guyanais, dentiste à Compiègne au XIXe siècle

  • Par
  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°27 - 6 juillet 2022 (page 50-52)
Information dentaire

Ancien esclave de la Guyane française venu s’installer comme dentiste à Compiègne en 1859, Mathieu Victoire dit Dubois y exerce pendant trente ans. Bien qu’issu d’une « minorité visible » – si l’on peut s’autoriser cet anachronisme – il sait inspirer confiance à la société compiégnoise conservatrice et bourgeoise du Second Empire et parvient à développer une activité professionnelle stable et fructueuse.

Sous l’égide de la Société Française d’Histoire de l’Art Dentaire (SFHAD)

Musée Virtuel de l’Art Dentaire (MVAD)

Association de Sauvegarde du Patrimoine de l’Art Dentaire

La reconstitution du parcours peu commun de Mathieu Victoire dit Dubois (1833-1890) présenté ici est le fruit d’une recherche effectuée dans les archives nationales d’Outre-mer, les archives territoriales de Cayenne, des archives départementales et municipales, et dans le journal Le Progrès de l’Oise. Aucun document familial n’a été retrouvé, seul un court article à son sujet1 préexistait à cette enquête…

Mathieu, un enfant de Cayenne

Mathieu est né esclave le 5 septembre 1833 à Cayenne2, entre les deux périodes d’abolition de l’esclavage ; il est le sixième enfant de Victoire, une esclave née en Afrique, âgée alors d’environ 30 ans (l’âge donné aux esclaves est approximatif) et de père inconnu.

La mère est affranchie le 20 septembre 1833 avec ses trois aînés4. Deux autres enfants le sont à leur tour en mai 1834 et, enfin, Mathieu le 1er octobre 18345. Il devient « libre de couleur ».

C’est leur propriétaire, Zilia dite Dubois, ancienne esclave elle-même, née en Afrique et âgée d’environ 65 ans, qui a effectué la demande d’affranchissement (les affranchis eux-mêmes peuvent posséder des esclaves).

Mathieu passe son enfance en famille dans la modeste maison de Zilia située rue de Berry6, actuelle rue Arago, près du pont Laussat à Cayenne. Cette maison reviendra à Victoire et ses enfants à la mort de Zilia.

Une fois affranchis, les esclaves sont inscrits à l’état civil et un patronyme leur est attribué. Pour Mathieu, ce sera Victoire dit Dubois, formé du prénom de sa mère et du nom de son ex-propriétaire.

L’Ordonnance de mars 1685, également appelée « Code noir », faisait de l’esclave un « être meuble » appartenant à son propriétaire, au même titre que ses enfants. Aussi…

Cet article est réservé aux abonnés.
Pour lire la suite :

Vous êtes abonné.e ? Connectez-vous
Mot de passe
oublié ?

Vous pouvez également :

Acheter l'article En version numérique
Acheter le numéro À l'unité

Thèmes abordés

Sur le même sujet

À découvrir

Musique en marche, la bande-son de la République

À quoi sert une chanson si elle est désarmée ? », s’interroge par la voix de Julien Clerc Étienne Roda-Gil,...
À découvrir

Faux airs et faussaires le vrai en art à Fontainebleau

À vrai dire, le faux n’est-il pas consubstantiel de l’art, si l’art entend créer l’illusion du réel? Le débat se...
À découvrir

Article réservé à nos abonnés Eugène Boudin porté aux nues

« Le roi des ciels » C’est par sincère admiration que Corot décernait à son jeune confrère ce titre très mérité. Né...
À découvrir

Agnès Varda côté cour

On l’a toujours connue cinéaste, avec ce que ce mot recouvre d’action créative caméra au poing, un peu foutraque et...
À découvrir

Article réservé à nos abonnés Spécial Tendances – avril 2025

En ce printemps, place à la luminosité et au renouveau de la nature ! Explorez notre sélection de luminaires alliant...
À découvrir

Avec l’affiche, Paris se rue vers l’art

La double vie de la rue Par nature, la rue est voie de communication : qu’elle résulte d’un immémorial tracé...