L'Information Dentaire n°36

Edito

à la découverte du patient… « Vous n’aurez pas deux fois l’occasion de faire une première bonne impression » Coco Chanel De toutes les consultations qui rythment mes journées de travail, la rencontre avec un nouveau patient est, de loin, ma préférée. C’est un moment unique et excitant pendant lequel les compétences technico-chirurgicales vont s’estomper pour laisser pleinement leur place à d’autres qualités, humaines et relationnelles cette fois,...

à la découverte du patient…

« Vous n’aurez pas deux fois l’occasion de faire une première bonne impression »

Coco Chanel

De toutes les consultations qui rythment mes journées de travail, la rencontre avec un nouveau patient est, de loin, ma préférée. C’est un moment unique et excitant pendant lequel les compétences technico-chirurgicales vont s’estomper pour laisser pleinement leur place à d’autres qualités, humaines et relationnelles cette fois, et où l’écoute, l’observation et l’empathie deviennent les maîtres-mots.

Lors d’une première consultation, je ne réalise jamais d’acte thérapeutique. J’y consacre environ une heure de mon temps répartie en 15 minutes d’entretien au bureau, puis 15 minutes d’examen clinique au fauteuil et 15 minutes d’explications. Cela pour répondre aux souhaits, légitimes, de tout patient qui consulte un docteur: pouvoir se livrer sans être jugé, être écouté attentivement sans être coupé, être correctement et complètement examiné sans être dérangé, recevoir toutes les explications dont il a besoin et poser toutes les questions qu’il souhaite. Une fois que le patient aura quitté le cabinet, 15 autres minutes seront consacrées à compléter son dossier et consigner la quantité phénoménale de renseignements et d’informations médicales, psychologiques, émotionnelles, comportementales que j’aurai pu déceler et percevoir chez mon interlocuteur. Disposer d’un diagnostic exhaustif est la première pierre d’un plan de traitement plus complet.

À tous ceux qui pensent qu’il n’est pas nécessaire - voire grotesque - de consacrer autant de temps à une première consultation, essentiellement en raison de la maigreur des honoraires conventionnels qui nous sont alloués, je conseillerai de plutôt considérer ce moment comme un investissement capital pour la qualité et la sérénité de la relation thérapeutique à venir. En effet, personne n’a jamais entendu un patient se plaindre que l’on s’occupait trop de lui. Les comportements et les attentes du patient au XXIe siècle ont bien changé et ce serait une erreur grossière de considérer que parce qu’un patient se présente à votre consultation, il veut nécessairement que vous le soigniez, et sur le champ de surcroît. Avant toute chose, il voudra se sentir accueilli, puis se sentir écouté et compris dans sa singulière individualité et enfin comprendre ce dont il souffre. Alors, peut-être, acceptera-t-il de vous confier ses soins. Les auteurs qui ont accepté de travailler à l’écriture de ce numéro spécial doivent être remerciés de l’effort pédagogique qu’ils accomplissent pour nous rappeler que, quel que soit le contexte de notre exercice, savoir mettre à l’aise, savoir écouter, savoir poser les bonnes questions, savoir observer, savoir bien expliquer sont des compétences indispensables pour faire évoluer notre pratique d’une approche symptomatique à une approche globale, plus préventive et donc plus efficace. N’oublions pas que le principal reproche que font les patients aux professionnels de santé est d’être trop pressés et de ne pas assez les écouter. Alors, surprenez-les avec une vraie première consultation! Vous serez vous-mêmes surpris des découvertes que vous ferez !

Guillaume Gardon-Mollard

Coordinateur scientifique, Membre du comité éditorial

À la découverte du patient I Lire ci-dessus
Guillaume Gardon-Mollard

Avant-Propos
Chaque patient est une rencontre I Lire ci-dessous
Michel Bartala

Actualités

Irrigation endodontique et douleurs postopératoires
Pascal De March

Presse médicale spécialisée
Philippe Léonard

Actualité hebdo
Nicolas Fontenelle

Traumatologie : différents cas, différents âges et différentes prises en charge

Formation – la Première consultation

Coordonné Par Guillaume Gardon-Mollard

Les enjeux de la première consultation
Gauthier Cazals, Mathieu Pitz, Marc Sous, Daniel Brocard

Les modèles de première consultation
Nicolas Dritsch, Jean-Noël Vergnes

La première consultation en odontologie pédiatrique et le dépistage orthodontique
Manon Liévin, Johana Perrin-Dohren, Charlotte Gouedard, Frédérique d’Arbonneau

Les dysfonctionnements temporo-mandibulaires : comment ne pas passer à côté ?
Antonin Hennequin, Constance Cuny, Mathilde Hourset, Lucie Baylet, Jean-Claude Combadazou, Bertrand Champion, Florent Destruhaut

La téléconsultation en médecine bucco-dentaire
Nicolas Giraudeau

Parcours ADF
Pour aller plus loin…

Évasion

Art

Fellini, Gainsbourg… Mémoires en résonance
Thierry Leroux

Avant-propos

Chaque patient est une rencontre

«Bonjour, je viens vous consulter car j’ai des problèmes dentaires. » En prononçant cette phrase, le patient implique nos compétences dans une demande de soins. Cette première rencontre est une étape essentielle car elle marque le début d’une confiance mutuelle ou, parfois, l’incompatibilité entre deux êtres humains. En effet, tous les soignants ont certainement rencontré un jour un patient avec lequel la relation semblait compliquée. Dans cette situation, il faut savoir réorienter le patient, car il n’est rien de plus terrible que de voir inscrit sur l’agenda le nom d’un patient avec qui l’on ne s’entend pas.

Aussi, il est important, lors de la première rencontre, de saisir toutes les informations, d’avoir les oreilles grandes ouvertes et la parole empathique et modérée. Modérée en termes de quantité afin de laisser le patient s’exprimer. Comme l’explique parfaitement Guillaume Gardon-Mollard dans son éditorial, pour réussir cette première rencontre, il faut se donner du temps. En effet, nombreux sont les patients qui reprochent aux soignants leur manque d’écoute, trop pressés de passer à l’acte de soins, d’agir.

Cette première consultation doit, comme le décrivent très bien les différents articles de ce numéro, permettre de déterminer les besoins du patient. Il existe malheureusement encore, dans l’ensemble du corps médical, des « soignants » adeptes de « la thérapeutique systématique », qui consiste à faire entrer le patient dans un circuit, dans des traitements souvent éloignés de ses demandes initiales. Soigner, c’est savoir s’adapter au malade, car nous mettons nos compétences au service du patient dans le respect des techniques avérées.

Alors, prenez le temps de cette première rencontre pour débuter une relation médicale de qualité qui permet, lors de difficulté thérapeutique, d’éviter les conflits, mais surtout de faire grandir, entre deux êtres humains, une confiance basée sur le respect mutuel.

Michel Bartala, Rédacteur en chef